Le géographe Al-Idrîssi, contemporain d'Ibn Rochd, nous a laissé ce précieux témoignage à propos de Cordoue :
Cordoue est la capitale et la métropole de l'Espagne [Al-Andalus] et le siège du khalifat parmi les musulmans. Les excellentes qualités de ses habitants sont trop nombreuses et trop connues pour qu'il soit nécessaire d'en faire mention, et les vertus qui les caractérisent sont trop évidentes pour qu'il soit possible de les passer sous silence. Ils possèdent au plus haut degré l'élévation et la splendeur. Sommités intellectuelles de la contrée et consommés de piété, ils sont renommés pour la pureté de leur doctrine, l'exactitude de leur probité, et la beauté de leurs coutumes, soit en ce qui concerne leur manière de se vêtir et leurs montures, soit en ce qui touche l'élévation des sentiments qu'ils apportent dans leurs assemblées et dans leurs sociétés, ainsi que dans le choix des aliments et des boissons; joignez à cela qu'ils sont doués du caractère le plus aimable, des manières les plus dignes d'éloges, et que jamais Cordoue ne manqua de savants illustres ni de personnages distingués. Quant aux négociants, ils possèdent des richesses considérables, des ameublement somptueux, de beaux chevaux, et ils ne sont mus que par une noble ambition.
En 1168, Ibn Rochd voit son père mourir et vit l'une des épreuves les plus pénibles de sa vie. Il suspend ses recherches pour se recueillir et entame un deuil d'une grande douleur. Mais il finit par se remettre au travail avec une énergie renouvelée. Il livre la première version de son immense œuvre de jurisprudence Bidâyat al-Mujtahid wa Nihâyat al-Muqtasid (Début pour qui s'efforce et fin pour qui se montre partial).
C'est un livre de droit comparé, remarquablement agencé, et dans lequel, sans forcément prendre parti pour telle ou telle école, il expose les avis divergents dans différents domaines de la religion. À quarante-deux ans, Ibn Rochd démontre ici que ses connaissances dépassent largement la seule école malikite à laquelle il appartient, en même temps qu'il met en évidence, de façon implicite, le besoin de dépasser son champ de référence pour évaluer tous les avis existants sur une question donnée. Cet ouvrage, très consulté jusqu'à nos jours, qui se divise en chapitres consacrés aux questions culturelles et d'autres aux affaires sociales, est en réalité une belle encyclopédie du droit islamique.
A toutes ces femmes, lesquelles, même brisées dans leur liberté, demeurent debout dans la dignité.
Dès le début du XIII siècle, le nom d'Averroès ne quitte plus la sphère intellectuelle chez les Latins. Débattue et discutée tout au long des siècles à Padoue, à Paris, à Oxford, en Allemagne et dans tous les hauts foyers de savoir en Europe, la pensée du philosophe de Cordoue rayonne sur les universités d'Occident de 1230 à 1600 et, dans une moindre mesure, jusqu'aux Lumières.
Pour le philosophe Roger Bacon (1214-1294), brillant professeur à Oxford et à Paris, qui a vécu d'intenses débats intellectuels au XIIIe siècle, il est évident que la philosophie est le domaine des Arabes et des Grecs et que les chrétiens l'ont prise chez eux. Alain de Libera, plus proche de nous, note quant à lui : " Ibn Rochd est la pièce centrale du dispositif intellectuel qui a permis à la pensée européenne de construire son identité philosophique."
Dans les faits, et selon l'avis des spécialistes, il n'y a pas de pensée philosophique reconnue en Occident avant l'arrivée à Paris des thèses d'Al-Kindi, d'Al-Farabi, d'Ibn Sîna, et d'Ibn Rochd. Les esprits libres devaient bien exister, mais il leur fallait des maîtres pour gagner en crédit et se poser en penseurs légitimes face aux puissantes doctrines ecclésiastiques. Ce sont les philosophes musulmans qui allait leur offrir cela. En réfléchissant sur l'intellect, la manière dont l'homme pense, son rapport au monde, à lui-même, à son corps, à l'espace, à la nature et à Dieu, et en éclairent, corrigeant, et perfectionnant à l'infini la pensée grecque, Averroès et les philosophes musulmans qui l'ont précédé allaient offrir aux esprits éclairés d'Occident de quoi revoir de fond en comble la réalité des sciences auxquelles leurs esprits étaient limités depuis des siècles.
La princesse, devenue reine désormais, commençait à comprendre le monde du pouvoir, un monde fait d'intrigues, de trahisons, de coups bas, de calculs, de machinations, de complots et de basses conspirations. Si elle n'avait aucunes pitié envers les traîtres et les conspirateurs qu'elle savait identifier, elle était bien incapable de s'en prendre à des innocents uniquement pour satisfaire son amour-propre.
Là encore, même ferveur chez les musulmans et les chrétiens, et elle admit définitivement que toutes ces âmes priaient le même Dieu, avec le même cœur et les mêmes pensées. Il lui parut alors que Jérusalem était vraiment le lieu où a paix universelle devait s'enseigner , s'apprendre et se concrétiser.
Elle se disait aussi que si tous les croyants pouvaient penser avec la même humilité qu'ils mettaient dans leurs prières , il n'y aurait plus de conflits puisque chacun admettrait l'autre, chacun reconnaîtrait l'autre. Il lui semblait évident qu'il fallait arriver à ce résultat et aider l'humanité à se rapprocher pour mieux se comprendre.
Le tyran est le plus esclave des hommes et il ne parvient jamais à combler ses désirs, mais se plaint et se lamente en permanence. L'âme d'un être de cette condition est une âme appauvrie, aussi est-il envieux, violent et dépourvu d'amis. [...] Forcément il se sentira troublé et malheureux.