Adolf Erik Nordenskjold

Si vous avez aimé Passer par le Nord: la nouvelle route maritime d'Erik Orsenna et Isabelle Autissier,

si vous avez eu la chance de regarder La Russie vue du ciel de Freddie Röckenhauss et Petra Höfer

et enfin si, depuis tout petit les explorateurs vous ont fait rêver, alors Un hiver chez les Tchouktches devrait vous intéresser.



Pour tous les autres, il s'agit de découvrir l'expérience d' Adolf Erik Nordenskjold (1832-1901), explorateur polaire finlandais, chimiste et géologue de formation afin d'apprécier sa performance: de 1878 à 1879, il fut le premier à effectuer un voyage à travers les détroits du Nord-Est de l’Atlantique à l’océan Pacifique.



Financée par le gouvernement suédois, le mécène Oscar Dickson et le négociant russe Sibiriakov l'expédition est fin prête en été 1878. Ainsi partie depuis le port norvégien de Tromsø le 22 juillet à bord d'une baleinière, la Vega, nous allons rejoindre Nordenskjold et ses 21 autres membres d'équipage constitué de scientifiques pour participer à une partie de ce périple en leur compagnie.



La lente progression a permis les premières semaines de nombreux relevés hydrologiques, météorologique mais le 28 septembre la Vega va être prise dans les glaces dans la baie de Koljutshin à une journée du Détroit de Bering . Bloqué durant dix mois près des côtes sibériennes de la Tchoukotka, Nordenskjold va mettre alors à profit son hivernage forcé pour découvrir les habitants de cette région, les Tchouktches, un peuple nomade. D'abord en contact avec les Tchouktches pêcheurs, chasseurs de mammifères marins, il rencontre plus tard les Tchouktches pasteurs, éleveurs de rennes, comparant leur mode de vie. De jour en jour des échanges aussi intéressés qu'amicaux se tissent entre les deux parties, les uns vont enrichir leurs collections d'objets en tout genre, les autres voient là une aubaine de trouver des denrées rares (eau-de-vie, tabac) contre autres produits. Les Tchouktches au 19ème siècle commercent déjà avec les Russes et de plus en plus avec les baleiniers américains.



Les rencontres humaines dans la toundra sibérienne ainsi que les recensements de populations animales composent un récit instructif illustrés d'anecdotes en tout genre. Un hiver chez les Tchouktches révèle, malgré les préjugés de l'époque envers les natifs des contrées lointaines, un point très positif:les prémices d'une vraie conscience environnementale.



Au final, l'entreprise tentée en vain depuis le 16ème siècle, se transformera en succès lorsque fin juillet après la débâcle Nordenskjold poursuivit sa route vers le Japon atteignant ainsi Yokohama le 2 septembre 1879. Il devient alors le premier explorateur occidental à franchir le passage du Nord-Est en empruntant la voie navigable septentrionale de l’Europe à l’Asie.



Dans la présentation, Karin Huet, écrivaine voyageuse, rend hommage à l'exploit réalisé par Adolf Erik Nordenskjold, admirative et grande admiratrice elle a renouvelé l'expérience à sa manière en 2009 à bord d'une petite embarcation, le Manguier, qui a franchi à son tour le passage du Nord-Est sans l'aide d'un brise-glace et sans hiverner. L'occasion d'éditer en 2011 un extrait d'une longue lettre de Nordenskjold adressée à son mécène… sous le titre Un hiver chez les Tchouktches.



Et les Tchouktches me direz-vous, que sont-ils devenus aujourd'hui, ils sont toujours là mais coincés entre Lultin, une ville minière abandonnée par les russes dans les montagnes au nord d'Amguema et le port d'Egvekinot. Leur culture périclite suite à l'assimilation forcée à l’Union soviétique … mais vous pouvez les retrouver dans les romans de Youri Rytkhèou, écrivain tchouktche (1930-2008) comme L'étrangère aux yeux bleus ou Le Miroir de l'oubli .



Pour les amateurs d'expéditions scientifiques et de récits de voyage en milieu polaire mais aussi pour tout les curieux de nature !

Si, comme moi, vous ignorez qui sont les Tchouktches, prenez un atlas et visualisez cet espace, ces 80 et quelques kms entre la côte orientale de la Russie et la côte occidentale de l'Alaska. La mer des Thchouktches, voisinant le Détroit du Béring, est le passage que nombre de navigateurs des siècles passés ont tenté de franchir, sans succès, pour relier l'Atlantique au Pacifique par le Nord-Est. Les Tchouktches sont les autochtones de cette partie isolée de la Russie, que le navigateur Nordenskjöld et son équipage vont côtoyer, donc, pendant 9 mois, alors que leur bateau est pris dans les glaces.

On est en 1879, et La Vega sera le premier bateau à réussir l'exploit de cette traversée, mais pour l'instant, on est fin septembre, et la glace s'est rapidement épaissie autour de lui, l'empêchant de continuer, bien que le Détroit ne soit plus qu'à quelques kilomètres. Prenant son mal en patience, l'équipage en profite pour faire connaissance avec les autochtones, troquer nourriture, tabac et alcool (avec parcimonie) contre vêtements, ustensiles et objets traditionnels en vue de les rapporter et exposer en Suède.

Nordenskjöld va ainsi parcourir la région en traîneau, avec un guide, et vivre quelques semaines auprès des Tchouktches à même leurs tentes, manger avec eux et échanger, tout en étudiant également la faune et la flore.

Quand le baleinier pourra enfin repartir, en juin de l'année suivante, il accoste brièvement sur la côte américaine afin de déterminer jusqu'à quel point des échanges ont eu lieu entre les deux façades du Détroit.

Sur l'île de Béring, il constate grâce aux témoignages des habitants ainsi que de celui de Steller, botaniste survivant de l'expédition de Béring, que cette expédition, dont Steller a rapporté un nombre considérable d'espèces inconnues, est responsable de l'extinction de certaines de ses espèces, tout comme les Russes venus s'approvisionner dans la région.

Ce témoignage du navigateur est très intéressant non seulement de ce qu'il relate de cette partie peu connue du monde, mais aussi de ce que ça nous montre de ces expéditions à la fois scientifiques, ethnologiques et botaniques pas toujours respectueuses des terres explorées qu'ils avaient tendance à piller. Sur ce point, Nordenskjöld me semble avoir eu une approche relativement éclairée, même si certains termes tels que "sauvages" ou certaines considérations religieuses ou comportementales peuvent être dérangeants aujourd'hui.

Fastidieux compte-rendu d'expédition par le premier vainqueur du passage du Nord-Est, le long des côtes de Sibérie.



Avec cette récente jolie édition d'un extrait de rapport de voyage du Finlandais suédophone Adolf Erik Nordenskjöld, premier explorateur à avoir réalisé le "passage du Nord-Est", reliant l'Atlantique au Pacifique par l'Arctique et le détroit de Behring, en 1879, on touche toutefois de près les limites du "livre de voyageur"...



Autant la littérature polaire contient des sommets de travail romanesque (le Vollmann des "Fusils" ou encore le Lavers du "Northwest Passage") et des trésors de compte-rendu puissant et humain (Shackleton), autant la simple publication de carnets à visée géo-scientifique peut se révéler d'un rare fastidieux : sur 180 pages, même d'un très petit format, la répétition des corvées de vivres, des trocs de nourriture et d'objets ethnographiques et des observations sur la flore et la faune ennuie assez rapidement, faute de mise en perspective ou de visée réelle, autre que mémorialiste. Un document "brut" sans doute intéressant, donc, mais de bien peu de vertu littéraire... À part éventuellement pour quelques remarques au passage rappelant les préjugés nourris à l'époque par des scientifiques, y compris parmi les plus vertueux et les plus audacieux...

Au hasard chez un bouquiniste, j’ai trouvé ce petit ouvrage ; récit d’une expédition dans le Nord Est , le long des côtes de Sibérie faite par le Finlandais, Adolf Erik Nordenskjöld, premier explorateur à avoir réalisé le passage du Nord Est, soit de l’Atlantique au Pacifique, détroit de Béring en 1879. Récit sur l’observation des plantes, des animaux, des coutumes Tchouktches…. Descriptions souvent reprises qui ont eu assez rapidement un effet soporifique.