Quand on descend Nord-Sud, par des voies presque toutes recoupées par les anciens chemins des pèlerins allant à Compostelle, on arrive immanquablement à la Vallée-Noire, célébrée par George Sand qui dans sa maison de Nohant, près de La Châtre, pouvait se croire en plein bois tant y sont nombreuses et fournies, les "bouchures", ces haies boisées qui enserrent dans leurs raies réticulées une campagne plus vraie que l'image qu'on s'en fera jamais : le Boischaut, l'ultime poche de résistance. Cette province a toujours été un refuge.
Le vent du petit printemps est tout abruti de bruine et de champignons vénéneux. Il déboule entre les bois et le village. Il recroqueville et arrache les dernières feuilles des chênes où sont encore mêlés les cheveux gris de son grand-père, le vent d'automne.
Les feuilles, elles, roulent un peu avant d'aller jouer au bateau sur les ornières qu'on dirait emplies d'une coulée de plomb encore fumante.Aux pentes des talus le grandes herbes jaunies percent la mousse qui bave le surplus d'eau des averses de la veille.