« Cette manière de tuer les chats, Pénélope, est typiquement vénitienne, une recette ancestrale. On appelait cela "le jeu du chat". Il se pratiquait pour la Chandeleur. On attachait les pauvres petites bêtes à des poteaux et on les lapidait. Avec un nombre de points à marquer par caillou, une pétanque qui tue. Les Vénitiens sont cruels depuis longtemps, et joueurs, et pas toujours subtils. Ce sont les Florentins qui sont subtils, mais il n'y en a pas ici. Comment ferait-on pour être florentin à Venise ? Les chats finissaient par mourir en hurlant. Et au moment de l'extrême-onction, comme pour la mise à mort des taureaux en Espagne, on leur portait l'estocade. On ne leur coupait pas les oreilles et la queue, pauvres chéris, il suffisait de leur trancher la tête avec un canif, pour séparer le petit corps brisé et tuméfié. Je croyais qu'on avait oublié cette tradition !
— J'aime les chats, vous savez...