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Citation de genou


genou
09 septembre 2013
Je ne crois pas qu’il existe, sur la côte méridionale de l’Angleterre, de ville balnéaire aussi attrayante que Saint-Loo, baptisée, à juste titre, « la Reine des Plages », tant elle évoque la Riviera française. À mon avis, la corniche de Saint-Loo peut bel et bien rivaliser avec celle du Midi de la France.
Je faisais part de ces réflexions à mon ami, le détective Hercule Poirot.
— Vous ne m’apprenez rien, mon cher, me dit-il. J’en ai déjà lu tout autant, hier, sur la publicité du wagon-restaurant.
— D’accord ! Mais cette vogue ne vous paraît-elle pas amplement justifiée ?
Dissimulant mal un sourire, il ne me répondit pas immédiatement et je dus répéter ma question.
— Je vous demande mille pardons, Hastings. À la vérité, je rêvassais de ce délicieux paradis auquel vous venez de faire allusion.
— Le midi de la France ?
— Oui, je songeais aux événements qui s’y produisirent au cours du dernier hiver que j’y ai passé.
Je me souvins, en effet, du crime survenu dans le Train Bleu et dont le mystère, aussi compliqué que déconcertant, avait été élucidé par Poirot, grâce à son habituel et infaillible jugement.
— Que j’aurais aimé être près de vous ! m’exclamai-je.
— Votre expérience m’eût été précieuse, me répondit Poirot.
Je le regardai avec méfiance. Depuis longtemps, je suis fixé sur la sincérité des compliments de Poirot. Cependant, cette fois, mon ami me parut sérieux. Après tout, pourquoi pas ? Je connais à fond les méthodes employées par lui avec succès.
— C’est votre vive imagination qui me fit le plus défaut, Hastings, poursuivit-il comme se parlant à lui-même. J’ai parfois besoin de petits conseils. George, mon valet de chambre, est un homme sensé avec qui je discute de certains points, mais il manque de fantaisie.
— Franchement, Poirot, n’êtes-vous pas tenté de reprendre du service ? Cette vie inactive…
— … me convient à merveille. Quoi de plus agréable que de se prélasser au soleil ? Connaissez-vous un geste plus noble que de descendre du piédestal après avoir atteint les sommets de la célébrité ? J’entends murmurer autour de moi : « Voilà Hercule Poirot… Le grand, l’unique !… Personne ne l’a égalé et ne l’égalera jamais… » Ces réflexions me sonnent agréablement à l’oreille : je n’en demande pas davantage. Il est vrai que je suis si modeste, savez-vous ?
Il parlait de sa modestie !… J’en conclus qu’en dépit des années, la vanité de mon ami belge était demeurée intacte. Renversé dans son fauteuil, il caressait ses moustaches et ronronnait presque de satisfaction.
Nous étions installés sur une des terrasses du Majestic, l’hôtel le plus important de Saint-Loo, juché au faîte d’une falaise qui surplombe la mer. Les jardins de l’hôtel plantés de palmiers s’étageaient à nos pieds. L’océan était du bleu le plus profond, sous un ciel clair, illuminé d’un vrai soleil estival, chose rare en Angleterre. Tout concourait à l’idéale beauté de l’endroit.
Arrivés la veille au soir, nous savourions cette première matinée de notre séjour. Nous avions projeté de demeurer une semaine à Saint-Loo et nous souhaitions ardemment de jouir jusqu’au bout d’un temps aussi délicieux.
Ramassant le journal qui m’avait glissé des mains, je repris ma lecture. Bien que peu brillante, la situation politique était dépourvue d’intérêt. En Chine, une escroquerie d’importance venait d’être découverte à Pékin, mais, dans l’ensemble, les nouvelles n’offraient rien de particulièrement émouvant.
— Cette épidémie de psittacose ne vous semble-t-elle pas curieuse ? observai-je en tournant la feuille de mon journal.
— Oui, c’est bizarre.
— On signale deux nouveaux décès à Leeds.
— Je le déplore.
— On reste toujours sans nouvelles de l’aviateur Seton qui effectue le tour du monde, continuai-je. Ces...
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