AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de genou


genou
13 septembre 2013
J’ai souvent lu ou entendu cette chanson. Elle sonne bien, mais que signifie-t-elle au juste ?
Est-il jamais possible de mettre le doigt sur un point précis de notre existence en décrétant, sans risque d’erreur : «Tout a débuté ce jour-là, à telle heure, à tel endroit et par tel incident» ?
Mon histoire commença peut-être au moment où j’aperçus sur le mur du «George et le Dragon» l’affiche annonçant la vente aux enchères de l’imposante propriété «Les Tours» et donnant tous les détails capables d’intéresser les acheteurs éventuels et une vue très idéalisée de la bâtisse, telle qu’elle avait dû être quelque quatre-vingts ou cent ans plus tôt, à l’époque de sa construction.
Ce jour-là, j’errais sans but précis dans la rue principale de Kingston Bishop, un patelin dénué de tout intérêt. Pourquoi ai-je remarqué le placard concernant la vente ? Méchant tour du destin ? Bonne fortune ? Ma foi, c’est à vous de décider. D’un autre côté, on pourrait considérer que tout a été enclenché plus tôt, lors de ma rencontre avec Santonix et la conversation que nous eûmes ensemble. Si je ferme les yeux, je revois distinctement ses pommettes empourprées, son regard fiévreux et le mouvement de ses grosses mains, si délicates cependant, lorsqu’elles griffonnent des esquisses, dessinent les plans des maisons dont on se mettait à rêver.
C’est Santonix qui fit naître en moi l’envie de posséder une demeure que je n’aurai pourtant jamais les moyens de m’offrir. La maison qu’il me construirait s’il vivait assez longtemps devint entre nous, une sorte de projet farfelu dont nous parlions avec sérieux, sans y croire.
Un refuge que, dans mes songes, je me voyais habiter avec la femme que j’aime et dans lequel, comme à la fin des contes d’enfants, « nous vivrions heureux à tout jamais ». Mon ambition de propriétaire allait croissant mais rien dans la réalité ne laissait hélas prévoir qu’elle se réaliserait un jour.
Si mon aventure est une histoire d’amour — et je jure bien que c’en est une — pourquoi ne pas partir du moment où j’aperçus Ellie pour la première fois, au milieu des sapins de Gipsy’s Acre ?
Gipsy’s Acre… Oui, il me faut revenir à l’affiche appliquée sur le mur du « George et le Dragon », dont je me détournai en frissonnant parce qu’un nuage passait juste devant le soleil. Jouant au promeneur désœuvré, j’allai m’adresser à un villageois qui taillait tant bien que mal la haie de son jardin.
— Comment est cette maison, «Les Tours» ?
Je revois encore le visage sournois et le regard en biais qu’il me jeta en répondant :
— Ce n’est pas comme ça qu’on l’appelle dans le coin. Ce nom-là ne veut rien dire et ça fait un bon bout de temps que les propriétaires qui l’ont baptisée ainsi sont partis.
Je lui demandai alors sous quel nom il la désignait.
— Gipsy’s Acre.
— Pourquoi ?
— Allez savoir ! On raconte un tas de choses à ce sujet. En tout cas, c’est là que se produisent les accidents.
— Accidents de voitures ?
— Toutes sortes d’accidents. De nos jours en effet, il s’agit surtout de voitures. Il y a un mauvais tournant par là-bas.
— De là l’explication alors !
— Le conseil municipal a pourtant fait placer un panneau d’avertissement, mais ça ne change rien.
— Pourquoi ce nom de « Champ du Gitan » ?
Il plissa les yeux et répondit d’un ton évasif :
— On raconte que, dans le temps, le terrain appartenait à une...
Commenter  J’apprécie          60





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}