Le Travail prétend continuer à tirer son essence de la relation du travailleur avec la chose qu’il travaille, celle qu’il fait être et qui le fait être. Mais en réalité le Travail n'a aucun sens en soi, ce n'est pas une relation vive, dès lors qu'il est lui-même une chose, objet des opérations économiques qui lui donnent son être (social) de marchandise.
L'État n'est pas l'héritier des déshérités : il est l'héritier des banquiers ; et celui qui hérite, hérite de tout.
Lorsque que s'invente et s’établit une idée comme celle d’État, qui réussit à confondre avec le plus grand succès les notions contraires de “peuple“ et de “Gouvernement“, il se constitue ainsi l'arme la plus puissante (qui est, comme on le voit, la plus métaphysique) pour enfermer le peuple dans la confusion et l'identification avec son Gouvernement et pour empêcher n'importe quel sentiment clair d'opposition et n'importe quelle intention d'en secouer le joug.
La pauvreté sur laquelle se maintient le Développement ne se manifeste pas comme mauvaise conscience des Personnes, mais comme mauvaise qualité des choses mêmes.
Par conséquent, ceux qui s’estiment si contents avec ce qui existe et qui aiment tellement cela qu’ils sont disposés à travailler jusqu’à la mort pour que cela continue à se développer, pour que cela continue à exister, s’ils sont tellement certains de la Réalité et du fait que ce qui est est ce qui est, et rien de plus, s’ils croient tellement en cette Réalité au point d’y mettre leur petite âme de tout un chacun, ceux-là n’auront pas grand-chose à lire ni à redire dans cette analyse de leur Société : parce qu’ici nous luttons pour ce qui n’existe pas, car nous en avons par-dessus la tête de ce qui existe et nous pensons que cela vaut le coup de voir si l’on peut utiliser la vie et la raison pour faire quelque chose qui ne soit pas ce qui est déjà fait.
Il n’y a pas de Pouvoir sans nécessité de justification et, donc, comme disent les politiciens, d'idéologie, d'autant plus efficace et puissante qu'elle est plus abstraite et métaphysique, et par conséquent plus difficile à dénoncer et plus facilement dissimulable aux yeux du peuple, jusqu'à atteindre le comble de la réussite, quand il n'est plus nécessaire d’énoncer l'idée puisqu'elle est déjà ce que tout le monde sait. Et l'on peut ainsi dire à juste titre que la justification ou les idées dominantes, c'est-à-dire le mensonge, sont les fondements de la réalité politique (qui est la réalité humaine) et qu'elles en sont la force. Mais elles en sont aussi la faiblesse.
Quand, vous, Monsieur, déclarez et payez le Trésor Public, sachez-le, vous ne faites rien de bien différent que quand vous chargez votre Banque de vous acheter des actions de telle ou telle Entreprise du Futur.
Mais pour mettre ne évidence la transformation progressive de l’Histoire (cette mémoire visuelle communautaire que nous identifions à la mémoire noétique de la personne) et son opposition à ce que nous appelons tradition, le plus pertinent serait de faire voir comment ce passage d’une forme d’Histoire à une autre implique un changement concomitant dans la notion même de « temps », depuis la vague perception rythmique jusqu’à la constitution d’une véritable idée de ce qu’est le Temps.
La lutte des misérables de la terre n'est pas pour un Après qui réparerait un Avant (comme dans les bons temps de la Religion), mais pour l'annihilation du Toujours. Non pas des Dimanches, mais pas de Travail ; non pas un Futur triomphal, mais une subversion de l'Histoire.
Et la pierre de touche pour reconnaître l'identité du Capital et de l’État - et leur distinction mensongère en vigueur - est le Critère de Rentabilité. Nous voyons tous les jours ce dernier s'appliquer indifféremment aux institutions d’État et aux Privées, chaque fois plus effrontément. (...) L'imposition générale du Critère de Rentabilité vide instantanément de son contenu la vieille notion de "service public" (bien qu'encore en vigueur malgré sa vacuité).