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Citation de lenngeos


Elle a commencé par me demander si je savais les raisons pour lesquelles il n'y avait que de rares, de très rares descendants d'esclaves noirs ivoiriens aux États-Unis, au Brésil et dans les Antilles. Je lui répondis que j'étais ignorant comme la queue d'un âne. J'avais arrêté mon école au cours élémentaire deux. Je n'avais pas étudié l'orthographe, le calcul, la géographie ni l'histoire. Et que je comptais sur elle pour devenir fortiche dans toutes ces matières savantes. Elle s'arrêta et répondit à sa propre question savante en m'apprenant la géographie de la Côte-d'Ivoire :
« La côte ivoirienne était appelée la Côte des Mâles Gens par les marchands d'esclaves, à cause de l'inhospitalité des habitants. Ils n'osaient pas s'y aventurer de peur de s'y faire manger par des anthropophages. C'était vrai : les côtiers de l'époque aimaient la chair des blancs. En même temps, c'était un prétexte. Le singe taxe de pourri le fruit du figuier sur lequel il ne peut mettre la main. Ce n'est pas seulement à cause des anthropophages que les marchands de bois d'ébène (c'est ainsi qu'on les appelait) se sont éloignés des côtes ivoiriennes. Mais aussi à cause de l'inaccessibilité des côtes. La Côte-d'Ivoire a été protégée par l'inaccessibilité de ses côtes. La Côte-d'Ivoire est un pays de 322 000 kilomètres carrés derrière une côte inaccessible. C'est à cause de l'inaccessibilité des côtes que la colonisation du pays a été si tardive. »

p. 43 (Éditions du Seuil, 2004)
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