Je me tiens à l'écart des diseuses de bonne aventure pour deux raisons. La première : imaginons qu'elle me regarde et dise : Mona, d'une voix presque éteinte. Oh, pauvre Mona. Elle ne peut cacher sa pitié. Elle dit : Tu mourras jeune, tu mourras alors que tu n'es encore qu'une enfant qui n'est pas parvenue à trouver sa place dans le monde. Ton coeur t'abandonnera avant l'heure.
Je sors de la tente, les épaules basses, le corps en miettes.
Mais sous cette crainte, se terre la seconde, la moins connue, l'avalanche qui gronde : qu'arriverait-il si elle disait : Oh, Mona ! d'une voix enthousiaste. Oh, Mona ! dit-elle, tu vivras longtemps. Tu vas avoir une longue vie et elle sera magnifique.