Alain Bouzy

Bouzy Alain – "La loi de la guillotine : ou la véritable histoire de la bande d'Orgères" – Cherche-Midi, 2016 (ISBN 978-2-7491-4077-3)

– Huit planches d'illustrations entre les pages 264-265, annuaire biographique des principaux personnages pp. 495-524



Bien que n'étant pas vraiment un historien professionnel, l'auteur a fouillé et exploité consciencieusement les archives, bibliothèques et musées – au tout premier chef celles et ceux de Chartres – pour reconstituer le plus fidèlement possible l'historique de ce conglomérat de bandes de brigands qui terrorisèrent la Beauce entre 1790 et 1799, d'Orléans à Chartres, de Châteaudun à Pithiviers, de Gometz à Dreux, voire jusqu'à Bourges et aux limites du Perche, soit approximativement les départements du Loiret, d'Eure-et-Loir, de l'Eure.

Après une longue procédure judiciaire, plus d'une vingtaine de ces criminels finit sur l'échafaud, sous la lame de la guillotine, le vendredi 3 octobre 1800.



L'intérêt de l'ouvrage vient de ce que l'auteur ne se limite pas à une chronologie des exactions commises, mais qu'il prend soin de les replacer dans le contexte historique de l'époque ainsi que dans le cadre spécifique de la région chartraine (l'histoire locale est tellement négligée en France qu'il convient de souligner ce mérite particulier). Le lecteur voit ainsi le revers des décors de la "Grande Révolution Française", loin des grandes déclarations lyriques que l'on nous présente généralement dans les écoles de la République : il est amplement question ici de la ruine et du chaos engendrés par l'anarchie qui a suivi la chute de la monarchie, jusqu'à la reprise en main autoritaire d'un certain Bonaparte.



Mieux encore, les archives conservées permettent de reconstituer également la vie quotidienne non seulement de ces brigands mais aussi de leurs comparses et de leurs victimes pendant cette période de troubles, et l'auteur le fait avec brio, sans longueur, sans discours, sans académisme ennuyeux.

Cerise sur le gâteau, l'auteur analyse aussi les tentatives faites par les gouvernants d'assimiler ces brigandages aux soulèvements populaires de Vendée et Bretagne – pour discréditer les chouans et les royalistes, évidemment.



A l'heure où des territoires entiers de notre doulce France échappent au contrôle des forces de l'ordre, où des exactions barbares sont commises sous le couvert d'une religion pratiquée par des millions de citoyens français, il n'est pas inutile de relire l'histoire de ces périodes chaotiques ainsi rédigée sous l'angle du grand banditisme.

Une notable différence saute immédiatement aux yeux : les juges ne s'amusaient pas à relâcher immédiatement des bandits que la police avait mis tant de temps à arrêter... Mais il y a tant d'autres différences à méditer...



Une lecture plaisante, enrichissante, qui montre que l'on peut faire de la bonne vulgarisation.