Citation de enkidu_
Ces Israélites se disaient pareils aux autres : audace exorbitante qu’ils allaient payer d’une altérité radicale, despotique, infinie. Les Juifs jusqu’alors n’étaient qu’une variété – coriace – d’infidèles ; ils allaient devenir une sous-espèce du grand bestiaire humain.
Ironique destin que celui de ces Français scrupuleux, traités en métèques, en ploutocrates et en énergumènes aux pratiques barbares. Les Juifs contemporains n’ont pas leur patience : ils affirment leur identité, même si cela doit déplaire à ceux qui ont l’obsession de l’État et aux nostalgiques d’une France intégralement chrétienne. Ce qui fait qu’aux proscrits involontaires succèdent aujourd’hui les assimilés malgré eux. Nos ancêtres, les Juifs gaulois, ne remportaient sur l’exclusion que des victoires précaires : révocable, éphémère, leur francité était à la merci du moindre scandale ; une crise suffisait à les rejeter dans leur condition native, la judéité. Nous avons, nous, percé à jour le terrorisme et les mensonges de l’assimilation. Nous ne croyons plus aux belles promesses. Le judaïsme français et le judaïsme immigré se sont réconciliés dans l’auto-valorisation, et dans la clairvoyance : il est trop tard pour le lyrisme patriotique et pour les appels émus à l’unité nationale. (pp. 106-107)
Ironique destin que celui de ces Français scrupuleux, traités en métèques, en ploutocrates et en énergumènes aux pratiques barbares. Les Juifs contemporains n’ont pas leur patience : ils affirment leur identité, même si cela doit déplaire à ceux qui ont l’obsession de l’État et aux nostalgiques d’une France intégralement chrétienne. Ce qui fait qu’aux proscrits involontaires succèdent aujourd’hui les assimilés malgré eux. Nos ancêtres, les Juifs gaulois, ne remportaient sur l’exclusion que des victoires précaires : révocable, éphémère, leur francité était à la merci du moindre scandale ; une crise suffisait à les rejeter dans leur condition native, la judéité. Nous avons, nous, percé à jour le terrorisme et les mensonges de l’assimilation. Nous ne croyons plus aux belles promesses. Le judaïsme français et le judaïsme immigré se sont réconciliés dans l’auto-valorisation, et dans la clairvoyance : il est trop tard pour le lyrisme patriotique et pour les appels émus à l’unité nationale. (pp. 106-107)
