Le train passe pour tout le monde, il faut oser y monter au lieu de rester sur le quai. Malheureusement, la destination n’est pas garantie. Alors, on s’invente mille chaînes de peur d’abandonner ce que l’on tient, toujours avec des raisons valables. Il y a pourtant de la place pour tous les volontaires dans le train de la vie.
Les longues courses océanes sont propices au rangement, au grand nettoyage, un chambardement dans les placards d’une vie. On trie, on jette. On remet son âme en symbiose avec son corps. La vie moderne et agité nous éloigne de nous-mêmes, les courses après l’horizon nous en rapprochent. […] En mer, il y a si peu à voir qu’on apprend à mieux regarder. Observer l vol d’un oiseau sans songer à autre chose. Laisser grandir ses ailes. Ne pas passer à côté du voyage, c’est réussir la rencontre avec soi en se rapprochant de son être originel et finir par caresser ce que l’on a de plus beau en soi.
Un proverbe chinois dit que l’expérience est une lanterne que l’on porte accrochée dans le dos et qui n’éclaire que le chemin déjà parcouru.
On regarde la télévision, on surfe sur Internet, et on croit connaître le monde, mais rien n’équivaut à la réalité vue de ses propres yeux.
Pourquoi ce livre plutôt qu'un autre ? Le titre écrit en rouge attire mon regard en sonnant à lui seul comme un rêve: La Longue Route. La tête du barbu aussi retient mon attention. J'imagine le nombre de jours qu'il a dû passer en mer pour avoir une telle barbe.
La mer, les bateaux, cette envie est en moi depuis notre première rencontre, mais ce livre va me donner le but précis qui me manquait. Plus qu'une histoire de mer, c'est une tranche de vie, un voyage bien au-delà de l'horizon des hommes.
Sous un ciel gris, ce jour de travail à la mise en place du gréement de fortune ne devrait être que tristesse. Mais cette lutte transforme ce qui aurait pu ressembler à un échec en une victoire sur moi-même.
Travailler pour acheter. Le travail peut être une drogue, il empêche de méditer sur la fuite du temps, ses rêves abandonnés et la voie sans issue où l’on s’est engagé. Pourtant, le bonheur, c’est un baiser, un mot d’amour, un instant fraternel ou de contemplation. Les rares instants où l’on touche à la félicité absolue sont les plus immatériels et gratuits qui soient.
Quand un enfant naît, il pleure, et pourtant la vie commence. Partir, c’est pleurer un peu, l’action demande à trancher un lien. Larguer les amarres, mais quel autre quai les reprendra ? La peur de l’inconnu est une chaîne difficile à briser, elle emprisonne bien des envies vagabondes
La Longue route de Bernard Moitessier m'a donné l'envie de voyage il y a dix ans et m'a beaucoup servi pour la préparation. Le livre de Knox-Johnson, premier navigateur à avoir réalisé le tour du monde sans escale en 1968-1969, m'a également beaucoup aidé.