Mao a également compris que la révolution ne durerait que si elle était d'abord faite dans les esprits. Elle ne s'est pas bornée à distribuer des armes, de la nourriture, des terres ; elle s'est efforcée de donner aux paysans l'envie de se battre, le goût de travailler intelligemment, la volonté de conquérir leur terre.
C'est peut-être là que les dirigeants chinois ont montré le mieux leur connaissance de l'âme humaine. Pour que les Chinois considèrent la révolution comme leur affaire, il fallait qu'ils l'accomplissent eux-mêmes. Pour qu'ils cultivent le sol avec la joie que procure ce que l'on a acquis, il fallait qu'ils s'emparent des propriétés avoisinantes. La révolution n'a pas jailli spontanément de la misère paysanne. Elle a été inspirée aux paysans par le Parti ; mais il a eu l'habileté de les convaincre qu'ils l'avaient toujours voulue. Mao aurait pu reprendre à son compte l'exhortation adressée à Moïse : « Fortifie-toi et prends courage, pour conquérir la terre que Dieu te donne. »