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Critiques de Alain Rézette (9)
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Amour dure sans fin

12 mars 2014, un homme de 84 ans meurt à l'hôpital de Haïfa. Il s'appelle Joshua Ovadyah, il était né le 3 février 1930 à Florence, il dirige une importante société spécialisée dans la sécurité, ses deux fils l'accompagnent à la tête de l'entreprise. Sa femme Haviva et ses deux fils, David et Sam, n'ont pas pu arriver à temps, mais, inconscient, il n'aurait reconnu personne.

Avant de sombrer dans le coma il a, non sans violence, confié à l'infirmière qui veillait : « Nove anni per niente ! ». Cette déclaration jette un froid, une inquiétude, chez David et Sam, Haviva s'enfermant dans une attitude « passive et pensive ». Avec audace, David ôte du bras de son père le brassard dont Josh disait qu'il dissimulait le tatouage de son numéro de détention au camp d'Aushwitz où il avait été incarcéré quelques mois. Mais, surprise, le tatouage montre un chat assis et une signature : Marguerite !



Et voilà le lecteur parti, dès la quatrième page du récit, à la recherche des clés du mystère : Qui était cette Marguerite signataire du tatouage ? Que sont ces neuf années « pour rien » ? Comment ce tatouage est-il arrivé sur le bras de Josh ? Où est le tatouage d d'Aushwitz ?



On aura les réponses trois-cents-pages plus loin, après une infinité d'épisodes, de questions, de découvertes, de suspense continu, sans le moindre entracte, après des kilomètres avec David dans des voitures du luxe, entre Florence , où Josh était né et avait vécu avant son mariage avec Haviva et la création de son entreprise en Israël, et Forcalquier où l'on apprend très vite que Marguerite, Marguerite Brémond, est née, a en parti vécu et s'est suicidée. Et il faudra attendre les toutes dernières pages pour enfin tout savoir.



Le voyage est conduit par une écriture précise, sans fioritures, qui introduit les uns après les autres personnages, situations, villes, chacun avec une atmosphère spécifique. le développement de l'intrigue est construit dans une architecture qui permet au lecteur de ne jamais perdre la boussole. Les indices qui conduisent à l'issue sont savamment distillés petit à petit, dès le tout début de la narration avec l'attitude « passive et pensive » de Haviva . Et si l'on veut un fil rouge, c'est tout simplement une Histoire d'Amour.



Un tout premier roman, qui enchante.







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Amour dure sans fin

Ce roman place le peintre et la peinture au cœur de l’intrigue. Je l’ai donc mis dans ma liste « peintre ou peinture au cœur du roman ».

Mais en ce qui me concerne, il y a quelque chose d’autre, une chose très personnelle : j’ai vécu presque la même expérience qu’un des personnages. J’en suis restée paf. C’était à Istanbul, parce qu’il est, aussi, question d’Istanbul dans ce livre. La ville est peu évoquée mais suffisamment pour que ça m’ait fait un choc. Qu’on ne se méprenne pas ! Je parle de l’expérience esthétique, pas de l’autre (que vous découvrirez certainement comme moi avec un ahurissement mêlé d’amusement).

En résumé : à Haïfa, David Ovadyah s’emmerde ferme. Il s’est fait larguer par sa meuf il y a des années et, du coup, il ne s’intéresse plus qu’à son taf.

Là, je me suis exprimée comme l’aurait fait Fanny, sa secrétaire, un sacré phénomène, vous verrez.

Donc, notre héros, qui est aussi le narrateur, s’est, pour ainsi dire, enfermé dans la routine. À la mort de son père, après avoir constaté des choses troublantes, il se rend compte qu’il ne connaissait pas vraiment le co-auteur de ses jours : qui avait été Joshua avant d’émigrer en Israël ? David se met à chercher. Il va bouger, bouger beaucoup (d’ailleurs la quatrième de couverture laisse deviner un road trip) ; et il finira par trouver.

Mais il y a un second périple dans ce roman (où Istanbul apparaît), qui explose au visage de la lectrice (ou du lecteur) sans qu’elle (ou il) s’y attende. C’est vachement bien foutu (comme dirait Fanny) : un autre personnage vit dans le roman sans vivre dans l’intrigue, on a l’impression qu’il nous parle (vous verrez quel artifice est utilisé), et il est très attachant, très surprenant, très présent.

Je conclurai par un petit reproche, en disant que le titre ne reflète pas le contenu du roman. Certes, il est en lien direct avec l’intrigue, mais c’est trop « intellectuel ». J’aurais mis « Les carnets de… », tout simplement, puisqu’en réalité ces carnets sont le carburant du récit.

Et la peinture ? En fait, elle est omniprésente, elle forme un réseau sous-terrain d’où émergent des drageons un peu partout, un réseau qui tient tout ensemble.
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Amour dure sans fin

« Fatche de c… ! » Christophe Castaner est dans ce roman ! On ne donne pas le nom du « député-maire », mais ça ne peut être que lui. Ça renforce l’atmosphère du pays. D’ailleurs dans l’ensemble, l’ambiance d’ici est pas mal restituée. On y croit, on s’y croit : j’ai l’impression d’entendre je ne dirai pas qui au café de l’Hôtel de Ville, quand je lis les répliques de Pélissier (notez qu’il n’y a pas de café des Sports à Forcalquier). Il a le même comportement au volant aussi d’ailleurs. Cet Aubin Pélissier est pour moi le personnage le plus attachant du roman. Mais, à part cet aspect « folklo », il y a des descriptions très réussies qui font entrer la région dans le texte, comme l’excursion au Contadour ou la vue depuis la citadelle de Mane (dont le nom n’est pas cité une seule fois, soit dit en passant). À lire absolument si vous êtes d’ici ou si vous y venez en vacances.
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Amour dure sans fin

L'histoire est celle de David Ovadyah, mais aussi celle de Josh, son père, et celle d'une artiste peintre dont le narrateur ignore tout au début du récit.



David a 47 ans. Il vit à Haïfa. Son père, son frère et lui sont à la tête de TSNK, une entreprise spécialisée dans la surveillance des sites sensibles (comme Cadarache en France). Sa compagne, une prétendue aristocrate italienne, l'a quitté en 2007 et depuis lors, ayant perdu le goût de beaucoup des plaisirs de la vie (excepté l'automobile), il s'enferme dans son travail. Il semble attendre que quelque chose se passe dans sa vie.



En 2014, le décès de son père, le fondateur de TSNK, va provoquer ce bouleversement. Joshua, né en 1930 à Florence, avait émigré dans les années soixante.



Avec sa mère et son frère, David arrive trop tard à l'hôpital. Une infirmière leur apprend les derniers mots du défunt prononcés en italien et ils découvrent sur le corps de celui-ci un tatouage qu'il dissimulait habilement.



Rapidement, ce dessin incongru est identifié : il a son origine en France. Ses obligations professionnelles dans ce pays permettent à David d'entreprendre des investigations d'un enjeu a priori insignifiant pour savoir où et quand son père avait rencontré l'auteur du signe tatoué, lui aussi décédé. Il apprend que cette personne a laissé des cahiers dont trois seulement sont repérés. Il recherche les autres et en découvre quelques-uns. Cela le conduit à l'épicentre de l'intrigue où une énigme accessoire surgit autour d'un tableau de la Renaissance.



Pendant un mois et demi, on accompagne donc David, le narrateur, dans son enquête qui devient une quête de vérité, d'Haïfa à Forcalquier en passant par Paris, le Contadour, Florence, Saint-Paul-de-Vence, Lourmarin, Londres et New York.



On ne peut pas ne pas penser à Inferno de Dan Brown en lisant ce roman. À cause de Florence évidemment, mais aussi en raison du rythme de l'écriture et des voyages impromptus du personnage principal. Mais, à mon avis, ces fictions sont aux antipodes l'une de l'autre, y compris dans le substrat culturel.



Malakoffiot d'adoption, j'ai eu le plaisir d'effectuer ici quelques recherches pour l'auteur (mais je m'aperçois que cet aspect du travail a été fortement réduit). Je remercie en tout cas les éditions du Comble pour cette lecture en avant-première de la version définitive.

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Amour dure sans fin

Je m’appelle Ovadyah, je suis chef d’entreprise, j’ai quarante-sept ans, je vis seul à Haïfa car ma femme m’a quitté et donc je me donne à fond à mon travail, sans me consacrer à rien d’autre jusqu’à ce que des découvertes faites après la mort de mon père m’incitent à mener une enquête dont le résultat changera complètement ma vie. Dit comme ça, c’est plutôt bateau comme scénar, mais c’est bien écrit, ça accroche le lecteur et on se laisse entrainer facilement jusqu’à la fin.



En fait, l’intérêt de ce roman est en partie ailleurs. La littérature belge pèche souvent, à mon sens, par excès de belgocentrisme : je suis belge, donc j’écris belge. On le constate tous les jours dans Le Carnet et les Instants (où l’on se rend compte aussi qu’il s’agit en majeure partie d’une activité de prof…). Sans doute la Belgique ou la belgitude offrent-elles beaucoup de ressources aux romanciers, mais les Belges peuvent aussi écrire autre chose ; on en a de nombreux exemples. Ou contre-exemples, selon le point de vue.



Ce roman appartient à ces expériences qui repoussent les cloisons de l’entresol où nous vivons.



C’est une artiste belge qui a inspiré l’auteur, mais celui-ci a eu la bonne idée de dépayser son intrigue, ce qui tend à en rendre les ressorts universels.



Globalement, j’ai donc apprécié cette lecture. Et j’ai souvent souri parce que l’humour n’en est pas absent. On y trouve aussi quelques clins d’œil à la patrie de l’auteur. En voici un. Un Belge siège au conseil d’administration de la société de David, le personnage principal. Ce Belge n’est pas n’importe qui, mais son nom n’apparaît pas. En effet, en bonne Française, la secrétaire de David n’est jamais parvenue à le prononcer. Par contre, l’individu s’est fait peindre par un artiste (un Français dont une recherche sur Internet m’a appris qu’il vit et travaille à Bruxelles) et une description très détaillée est donnée, elle m’a permis d’identifier le modèle.



Enfin, un écrivain français aurait-il placé dans la bouche d’un narrateur étranger cette réflexion : « Que serait l’administration française sans ses acronymes ! N’est-ce pas, les Gaulois ? »
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Amour dure sans fin

Lectrices, lecteurs, je dois commencer par dire que ce texte a toutes les chances d'être ma seule participation à votre communauté parce que je dépose cet avis ici à la demande de l'auteur. Celui-ci m'avait parlé de ce projet de roman lors d'un excellent souper à la Grappe d'Or à Torgny en 2018. Il envisageait à l'époque de faire du galeriste le narrateur alors que ce personnage ne devait pas être le héros. J'y voyais deux inconvénients. L'un était le risque que l'affect prenne le pas sur la conduite du récit, l'auteur étant lui-même galeriste. L'autre pointait les difficultés techniques qui ne manqueraient pas de surgir dans l'écriture puisque ce personnage secondaire allait avoir accès à très peu d'informations directes.





Le narrateur d'Amour dure sans fin est donc le héros, David Ovadyah. Il s'exprime à la première personne du singulier dans une langue archaïsante qui s'expliquerait par le fait que le français n'est pas sa langue maternelle. Quoi qu'il en soit, cette particularité n'a pas freiné ma lecture. J'ai eu tout le loisir de suivre l'évolution de ce personnage en fin de compte assez complexe. En effet, de prime abord, David Ovadyah paraît lisse, et c'est peut-être ce qu'un liseur en retiendra après avoir refermé le livre parcouru au pas de charge. Au lent fil des pages se révèle par contre une personnalité qui ne manque pas d'aspérités et qui du coup finit, après quelques chapitres, par susciter l'empathie.





David est ce qu'on pourrait appeler un fils à papa, au sens objectif du terme : il est né avec une destinée toute tracée devant lui et il n'a rien fait pour contrecarrer l'heureux sort qui l'attendait. Il a fait les mêmes études que son père, puis il est entré dans l'entreprise de celui-ci, société dont on comprend qu'il a tout de même dû gravir les échelons avant de devenir top manager.





Le récit s'ouvre à la mort du père dont les dernières paroles suscitent un trouble dans l'esprit du narrateur. « En fait, dit-il, je ne savais presque rien de mon père. » De cette constatation naît immédiatement le regret d'où sortira le désir de savoir qui sera le moteur du roman : « J'irais à Florence ! » (à la fin du chapitre 1). Mais David est quelqu'un de passif, qui laisse aller le cours des choses. On le sent à son effacement dans les premiers dialogues. Il n'en prendra toutefois vraiment conscience qu'à la fin de son road trip : « […] j'étais resté assis face à mon modèle jusqu'à ce qu'il disparaisse » (p. 293). J'y reviendrai. Pour l'heure, constatons que son tempérament passif est l'obstacle qu'il va devoir surmonter pour atteindre le but qu'il s'assigne progressivement. de plus, on apprendra qu'il est souvent en proie à l'hésitation (p. 23). C'est d'ailleurs ce trait de caractère qui le conduira à formuler le débat moral du roman (p. 162) et qui explique aussi la conclusion du premier chapitre : « Ma résolution chancela. »





C'est alors, au début du deuxième chapitre, que surgit – au propre comme au figuré – un personnage secondaire, mais adjuvant de première force, Fanny, la secrétaire qui n'a pas de nom de famille. Son caractère est à l'opposé de son patron dont elle est un peu la Mary Poppins : elle lui trouve tout comme par magie. Engagée quelques années auparavant, elle a probablement vite compris la personnalité du directeur de la boîte et comment agir pour se rendre indispensable. Cela pourrait renforcer la passivité de David, mais d'un autre côté, ça l'aiguillonne. C'est peut-être au contact de Fanny qu'il lui arrive de sortir de sa léthargie et de prendre quelques décisions sur de véritables coups de tête : il sait ou suppose qu'elle trouvera la solution concrète pour passer à l'étape suivante.





Mais ces solutions que trouve Fanny découlent toutes d'un paramètre essentiel : les moyens matériels dont dispose le héros. Cette aisance pourrait le rendre antipathique, agaçant ; on le verrait bien en enfant gâté, prenant volontiers des airs supérieurs, s'imaginant que tout le monde est à son service, et donneur de leçons de surcroît. Il y a en partie de cela (sa forme particulière d'humour peut en être la trace), mais cette tendance est jugulée par l'éducation qu'il a reçue de son « modèle » (« considérant mon impolitesse, je m'excusai » p. 19). Il reste que la facilité avec laquelle il obtient tout ce qu'il veut convient à sa passivité : aurait-il persévéré s'il avait eu plus d'efforts à fournir ? On peut quand même le supposer parce que ce héros se révèle ingénieux et se montre impavide. On peut imaginer qu'il aurait trouvé le moyen de contourner les obstacles en économisant sa peine, même au prix de quelques prises de risques.





Des efforts, il n'en a en tout cas pas fait dans sa vie sentimentale. Il ne prenait aucun plaisir au « carnaval permanent » que lui imposait sa compagne vénitienne, mais il n'a rien fait pour fuir la sarabande ; c'est Anna-Maria qui l'a quitté. Sa réaction a été de se retirer du commerce des femmes, et d'entrer en léthargie affective. David est d'ailleurs clairement passif avec les femmes ; ce n'est pas lui qui fera le premier pas. Est-ce parce qu'il est hésitant – peu sûr de lui contrairement aux apparences – ou parce qu'il est enchaîné par des principes ? Parce qu'il est - c'est un leitmotiv du roman – un homme de principes ; ça c'est certain. Pour autant, il s'autorise des accommodements. Parfois anecdotiques, comme avec le Code de la route : pour lui, un stop est un stop, mais il cale son cruise control à 150 km/h sur une autoroute française. Moins léger comme entorse, il ne recule pas devant le vol ni la dénonciation.





En réalité, de la façon dont David se comporte pendant les quarante-quatre jours que dure cette histoire, il apparaît plus contemplatif que passif. le principal trait de son caractère semble être le don d'observation : il scrute tout avec acuité ; l'environnement, les situations et les gens. Ces derniers, d'une certaine manière, en font les frais. Est-ce pour cela qu'il se tient à distance, et semble si froid ? Parce qu'il les a dévisagés, décortiqués. En serait-il honteux ? Peut-être, parce que quand il se trouve lui-même passé au « scanner » par un interlocuteur, il est mal à l'aise (p. 79). En tout cas, le narrateur qu'il est matérialise dans l'écriture cette capacité (ce travers ?) à observer : il décrit les personnages comme on ne le fait plus dans la littérature contemporaine. Il s'agit presque d'anthropométrie.





J'ai dit « froid », mais l'est-il vraiment ? Cette impression ne découle-t-elle pas de la manière dont il se présente dans les premières pages du livre ? Or, on n'a pas toujours une exacte perception de soi. Cette vision que j'ai du narrateur n'est-elle pas aussi le fruit de son style qui impose une distance ? Parce que si David est passif, il n'est pas impassible ; il ressent même des émotions violentes, provoquant des manifestations somatiques, quand il apprend certaines choses. Ces réactions, soit dit en passant, doivent à mon avis être rapprochées de l'éructation du père sur son lit de mort. Et puis, lorsqu'il arrive en Provence, on découvre un David qui se lie avec des inconnus. Cela se fait très progressivement, et à des degrés variables. le passage du vouvoiement au tutoiement avec celui qui deviendra son comparse est d'ailleurs provoqué par un des chocs émotionnels que je viens d'évoquer. Mais globalement, on perçoit un réel changement dans les rapports du héros avec autrui.





Des changements, il y en a d'autres et cela vaut la peine d'en parler, mais en deux mots pour ne pas spoiler l'intrigue (verbe qui ne plairait pas du tout au narrateur). En fait, à la fin de l'histoire, la lectrice (la majorité des lecteurs sont des lectrices, n'est-ce pas ?) n'a plus affaire au même homme. Sentimentalement, le pas est franchi, David est sorti de sa retraite. Psychologiquement, il a pris conscience de sa passivité et du coup il fonce, même un peu fort, au point que c'est Fanny qui doit le recadrer. Enfin, il y a autre chose, la chose après laquelle il a couru pendant ce périple sans savoir pourquoi (comme le dit un des personnages du roman), mais ça, je vous laisse le découvrir.
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Amour dure sans fin

Ici tout le monde parle de ce roman depuis qu’une critique est parue dans le quotidien l’Avenir sous la signature de l’écrivain et journaliste Dominique Zachary. L’artiste qui a inspiré l’auteur est de chez nous. On l’a tous côtoyée pendant des dizaines d’années, beaucoup dans les cafés et un peu lors de ses vernissages. Mais qu’avait-elle vécu avant de devenir une alcoolique folklorique ? C’est à partir de là que l’imagination s’enflamme, très bien alimentée par les inventions (ou pas) de l’auteur. Mais moi, la question que je me pose porte surtout sur ce qui s’est passé après la mort de l’artiste : quelle est la part de vérité dans le roman ? Mais au fond, c’est peut-être sans importance. Ce qui compte, c’est son œuvre. Et comme le laisse entendre le roman, elle est exceptionnelle. Pour le centième anniversaire de la naissance de Marguerite Brouhon, une grande exposition va se tenir dans le musée de notre ville, le Musée gaumais. Ce sera en juin prochain. Je crois qu’elle vaudra la visite, et on aura ainsi l’occasion de comparer les tableaux de la vraie artiste avec ceux du personnage décrits dans le roman.
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Amour dure sans fin

J’ai arrêté la lecture de La Société du mystère de Dominique Fernandez à la page 419, au moment où il est question pour la deuxième fois dans le roman de la phrase « amour dure sans fin ». J’ai voulu en savoir plus sur cette affaire, j’ai lancé une recherche et je suis tombé sur ce roman-ci qui venait de sortir. Coup de bol ! Enfin un qui peut largement servir mon objectif !

Il existe à l’évidence beaucoup de romans historiques sur Florence, alors que, d’après mes observations, il y en a peu qui situent leur intrigue à notre époque. Il y a bien Inferno (que j’ai déjà évoqué), mais c’est assez peu crédible et difficile à lire in situ. Dans celui-ci, par contre, j’ai trouvé mon bonheur : des scènes que je pourrais faire vivre sur place, voire même « jouer » avec ma copine. Exemples : un dialogue devant une peinture aux Offices, ou une véritable scène de cinéma (avec la musique !) sous le corridor de Vasari, ou un dialogue sur les marches de l’Hôpital des Innocents, ou encore une promenade sur la piazza della Signoria, etc. Il y a aussi quelques passages où quelque chose de coquin est suggéré ; ça pourrait être pas mal non plus. Deux scènes se passent dans des restaurants qui existent réellement (l’un bon marché, l’autre cher… j’ai vérifié). Et une dans un musée d’art contemporain, histoire de sortir un peu du passé. Enfin, autre aspect intéressant pour moi, il y a deux séjours à Florence dans ce roman : un dans les années 1950, l’autre en 2014, donc

dans des contextes très différents.

L’intrigue elle-même est assez captivante, ce qui est d’autant mieux car il faudra bien que je la résume sur place (sauf si elle l’aura lu, mais ça m’étonnerait vu son programme de lecture pour le reste de l’année).
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Amour dure sans fin

Voilà un roman dont je savais dès la troisième page qu’il me plairait parce que l’intrigue démarre tout de suite. Et il m’a plu. Je l’ai du coup peut-être lu un peu vite.

Un chef d’entreprise âgé meurt dans un hôpital en Israël, et sa famille, arrivée après le décès, apprend d’une infirmière la dernière phrase sortie de sa bouche. Ces paroles sont énigmatiques, comme l’est le tatouage découvert peu après sur le cadavre. Profitant des opportunités que lui offre son travail, David, un des deux fils du disparu, va se lancer dans une recherche qui finira par bouleverser sa vie.

L’idée de départ (inspirée, d’après l’éditeur, d’une histoire vraie) m’a semblé originale et, à mon avis, ce qui en a été tiré l’est tout autant (je suis dans un jour de bonté). On suit la progression de l’enquête avec un intérêt croissant, fertile en questions. Malgré les digressions « culturelles » (parfois de plusieurs pages, ce qui pourrait rebuter ceux qui ont un intérêt relatif pour la chose), on est pris par l’indéniable rythme, sans doute en partie dû aux nombreux dialogues, fluides, directs et assez réalistes.

Même si le texte n’est pas alourdi de « fioritures » (comme le souligne à juste titre @igolenerougier), la langue m’a néanmoins quelque peu surprise (l’imparfait du subjonctif !), surtout le vocabulaire et quelques bizarreries stylistiques (comme de surprenantes assonances : « Ma mère vit mon atermoiement. Une explication, pourtant, s’exigeait incontinent. Elle répondit promptement. » p. 35). L’auteur aurait-il voulu fabriquer un narrateur (David) s’exprimant dans un français livresque (artificiel ?), en tout cas parfois recherché (d’ailleurs, il le dit lui-même, p. 21 et 68), comme pourrait le faire un allophone cultivé ? Peut-être, mais les allers-retours, dans la narration, d’une langue plutôt érudite à des formules plus vulgaires surprennent parfois (« Illico Clarius, qui n’avait pas été servi, m’en piqua une [une frite]. » [p. 117] / « La faconde de son lignage quitta le jeune homme (…) » [p. 118]). Quoi qu’il en soit, cette particularité est assouplie ou compensée par les manières de s’exprimer des autres personnages (argot pour l’un, parler vernaculaire pour un autre, etc.). Je confesse toutefois avoir eu recours au site du CNRTL un certain nombre de fois pour vérifier la signification de mots inusités ou l’usage inhabituel d’autres. Pendant ces moments-là, la tension de la lecture et l’attention du lecteur retombent : était-il nécessaire de recourir à un tel lexique ?
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