AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


On connaît la maxime de Tertullien : Nobis curiositate opus non est post Christum lesum ( « Nous, nous n'avons plus de curiosité après Jésus-Christ », De praescr. haer.). Le mépris du monde entraîne en effet le mépris de la connaissance qui s'y rapporte. A l'époque de Tertullien, cet état d'esprit est général chez les chrétiens (d'où le reproche des auteurs romains, qui accusent le christianisme de ne s'adresser qu'aux illettrés). Origène admet lui-même que la grande majorité des chrétiens de son temps sont « des gens vulgaires et illettrés » (Contra Celsum 1, 27). S'il est vrai que le mépris du monde est assez caractéristique de toutes les tendances de la pensée au ne siècle, c'est chez les chrétiens qu'il est le plus marqué - et aussi, bien sûr, chez les gnostiques. (« Le monde entier est au pouvoir du Mauvais », dit l'auteur de la première épître de saint Jean.) Origène, d'ailleurs, conserve beaucoup de traits du gnosticisme. Il considère la naissance comme un tel malheur que les hommes, à son avis, « non seulement ne doivent pas célébrer leur anniversaire, mais doivent exécrer ce jour » (In Levit. hom. 8, 3). Il va même jusqu'à attribuer la création à l'action de certaines « intelligences orporelles », qui, « lassées » de contempler Dieu, se seraient « tournées vers l'inférieur » (Princ. 2, 8, 3).

Pour Origène, écrit A. H. Armstrong, « toute la création matérielle est un effet du péché, son but est de servir de purgatoire, et il aurait mieux valu que l'on n'en ait jamais eu besoin » (An Introduction to Ancient Philosophy, London, 1947, p. 173). Pendant longtemps, les chrétiens préférèrent ne pas affronter les païens sur le terrain de la pensée philosophique : ce n'est que dans un second temps qu'à la pistis, la foi la plus élémentaire et souvent la plus vile, la simple crédulité, ils se risquent à ajouter le logismos, la conviction assise sur un raisonnement plus élaboré. Cette attitude laissa de nombreuses traces dans la mentalité chrétienne. Saint Augustin déclare encore que « cette vie n'est rien d'autre que la comédie de la race humaine » (Enarr. in Ps., 127). (pp. 54-55)
Commenter  J’apprécie          10









{* *}