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Citation de enkidu_


Au travers d'une série de représentations légendaires ou symboliques, le mythe indo-européen ne cesse de célébrer le pouvoir créateur illimité de l'homme. Quand il décrit les dieux comme les auteurs de leur propre existence, ce n'est pas pour les opposer aux créatures humaines, mais pour proposer à celle s- ci un modèle idéal auquel il leur faut tenter de s'égaler. C'est en lui-même que l'homme, individuel ou collectif, peut, comme les dieux, trouver les moyens d'être plus que lui-même. Le monde est autosuffisant, les dieux sont auto-suffisants, les hommes sont auto-suffisants, les grandes cultures sont auto-suffisantes – ce qui ne justifie aucune exclusion et n'interdit aucun échange.

Dans les textes védiques, c'est de lui-même que Purusha se démembre; dans l'Edda, ce sont les Ases, fils de Burr, qui placent Ymir au milieu de Ginnungagap et créent avec son corps les différentes parties de l'univers. Dans la religion germanique, Odhinn-Wotan, créateur d'un nouveau monde, se sacrifie à lui-même afin d'acquérir le savoir et la « magie » : « Je sais que je pendis à l'arbre battu par les vents, blessé d'une lance, sacrifié à Odhinn, moi-même à moi-même sacrifié » (Havamàl, 5). Dans le poème indien de Kâlidâsa, le Kumârasambhava, il est dit : « Avec ton propre toi-même, tu connais ton propre être. Tu te crées toi-même. » Et plus loin : « Que tu sois vénéré, ô Dieu aux trois formes, toi qui étais encore unité absolue avant que la création ne fût achevée (...) Tu es seul le principe de création de ce monde, et aussi la cause de ce qu'il existe encore et finalement s'écroulera. De toi, qui as partagé ton propre corps pour pouvoir engendrer, découlent l'homme et la femme en tant que partie de toi-même (...) Tu es le père des dieux, le dieu des dieux. Tu es au-dessus du plus haut. Tu es l'offrande du sacrifice, et aussi le seigneur du sacrifice. Tu es le sacrifice, mais aussi le sacrificateur. » Dans le Devî-Mâhâtmya, la déesse Nidrâ, la Souveraine universelle, est chantée en ces termes : « Lors de la création, tu prends la forme créatrice; et quand il faut garder le monde, ta forme est celle de la vie ; quand vient la fin, on te voit comme destruction; et pourtant tu t'identifies à l'univers ! Science, magie, sagesse et tradition; tu es aussi l'égarement, à la fois déesse et démone! Toi, la nature, par qui les éléments s'ordonnent » (Célébration de la grande déesse, 1, 76-78, Belles Lettres, 1975, p. 10). (pp. 90-92)
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