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Citation de JeffreyLeePierre


Il y avait une bassine qui bouillonnait et il faisait si chaud que Son House et ses copains se mirent torse nu tout en jouant. De tous les moments que le blues m'a donnés, celui-ci fut le meilleur, meilleur que Leadbelly, meilleur que Josh White, Sonny Terry et tous les autres. Il y avait un harmoniciste qui hurlait et gémissait dans son instrument comme un chien de chasse sur une piste brûlante. Il y avait un mandoliniste qui ne jouait pas de son instrument avec délicatesse, mais qui étirait des cascades d'accords argentés qui illuminaient la poursuite de l'harmonica comme le clair de lune des nuits torrides du Sud au coeur de l'été. Un deuxième guitariste jouait en obbligato sur les basses en suivant les pieds paysans qui tapaient le rythme et transformaient toute la maison en tambour africain géant. Au centre de tout cela, Son House, transfiguré, n'était plus l'homme calme et affable que j'avais rencontré, mais possédé par le chant, comme le sont les Gitans en Espagne, comme rendu aveugle par la musique et la poésie.
[...] Et chez Son, le chagrin du blues n'était pas hésitant, ou réservé, ou ironique. Son corps entier pleurait pendant que, les yeux fermés, les tendons de son cou puissant soulevés par la violence qu'il ressentait, son visage brun enfiévré, il chantait d'une voix terrifiante le Death Letter Blues.
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