Albert Camus

Rappelons brièvement que d’après Camus, l’absurde émane du divorce entre l’être humain et le monde, de la contradiction apparemment insurmontable qui se présente chaque fois que les questions (légitimes) de l’homme se heurtent au silence du monde. L’expérience de l’amour, en revanche, telle que Camus la décrit dans ses premiers essais, est, de par sa nature, celle d’une union. Elle peut s’accomplir non seulement en « noces » avec le monde, mais encore en union avec un autre être humain. Dans les deux cas, il s’agit d’un acte érotique, d’un acte d’amour, et tous les deux représentent deux manières différentes d’un seul amour : celui de la vie. Les propos suivants, dont Camus a pris note en 1941, nous font particulièrement comprendre à quel point ces deux possibilités de « noces » s’entremêlent et se fondent :
Nuits de bonheur sans mesure sous une pluie d’étoiles. Ce qu’on presse contre soi, est-ce un corps ou la nuit tiède ? Et cette nuit d’orage où les éclairs couraient le long des dunes, pâlissaient, mettaient sur le sable e dans les yeux des lueurs orange ou blanchâtres. Ce sont des noces inoubliables. Pouvoir écrire : j’ai été heureux pendant huit jours durant (OCII :925-926)
Extrait de la communication d’Anne-Kathrin Reif : L’amour du début secret et de l’objectif du cheminement de la pensée d’Albert Camus