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Citation de Vavou02


Et soudain, cependant que tombe la douce pluie, tendre pluie que je regarde, je sais que pardonner de véritable pardon n'est pas obéir à un commandement de religion, n'est pas m'obliger à une factice clémence, n'est pas me forcer à faussement croire que je tiens une offense pour non avenue, n'est pas renoncer à en tirer vengeance, y renoncer d'ailleurs de mauvais gré dans mon tréfonds et m'en enorgueillir et m'en trouver admirable. Je sais soudain ce qu'est pardonner de véritable pardon.

Pardonner de véritable pardon, c'est savoir que l'offenseur est mon frère en la mort, un futur agonisant qui connaîtra les horreurs de la vallée des épouvantements, et déjà il mérite pitié et tendresse de pitié, et il a tous les droits sur moi, augustes droits de son malheur à venir, malheur certain, et comment alors ne pas lui pardonner ?

Pardonner de véritable pardon, c'est aussi comprendre que l'offense était inéluctable, et le comprendre parce que, par pitié et tendresse de pitié, soudain je suis l'autre et lui-même devenu, et je le connais, je connais le pauvre offenseur, un innocent méchant, toujours innocent, un malheureux chargé de chromosomes malchanceux, un irresponsable résultat, et rien n'est sa faute, et comment alors lui en vouloir et lui reprocher d'être ce qu'il ne peut pas ne pas être, comment lui en vouloir et lui reprocher d'avoir commis ce qu'il ne pouvait pas ne pas commettre, comment ne pas lui pardonner ?
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