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Citation de Alice_


L'avenue Fouad s'ouvrit au centre de la ville européenne comme un fleuve de lumières. El Kordi remontait l'avenue, d'un pas de flâneur, avec le sentiment inquiétant d'être dans une ville étrange. Il avait beau se dire qu'il se trouvait toujours dans son pays natal, il n'arrivait pas à y croire. Tous ces gens affairés qui avaient l'air de sortir de quelque catastrophe, et dont les visages maussades dénotaient de médiocres préoccupations, lui semblaient singulièrement hostiles. Il trouvait exagérée et morbide l’attitude de cette foule dont rien ne venait rompre la navrante monotonie. Quelque chose manquait à cette cohue bruyante : le détail humoristique par quoi se reconnaît la nature de l’humain. Cette foule était inhumaine. L’angoisse qu’elle propageait pénétrait insensiblement El Kordi et lui donnait la nostalgie des quartiers populaires. Il regrettait déjà les ruelles boueuses et les taudis crasseux, où tout un peuple banni se moquait de ses oppresseurs. Il y avait plus d’espoir dans les huttes en fer-blanc des terrains vagues que dans cette cité opulente. C’était donc là cette ville mirifique où vivaient, tapis dans leurs repaires inviolables, les ennemis forcenés du peuple ? Elle n’était pas gaie, la citadelle de l’oppression. Les richesses étalées dans les vitrines des magasins, la majesté terne des édifices, la rigueur rectiligne des trottoirs, tout semblait interdire la moindre pensée frivole. El Kordi comprenait pourquoi Gohar avait déserté cette ville et son triste confort.
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