[en France en 1936]
De ce qui se passait en Allemagne, nous avions des échos par les réfugiés, par les journaux (...).
Avec le recul, il me semble pourtant que j'étais inconscient. J'étais très ému par les images du désastre, de cruauté, mes poings se serraient, je militais avec plus de conviction mais je n'imaginais pas le bouleversement qui se préparait. Qui en aurait été capable ?
La vie simple, avec ses problèmes de tous les jours, prenait le dessus.
Albert et moi sommes les seuls survivants. Nous avons voulu répondre à des idées dangereuses pour l'humanité et nous avons pensé le faire en montrant la vie d'une famille juive, la nôtre, une famille parmi les centaines de mille exterminées par le nazisme. Nous croyons à la force de conviction de faits réels, vécus, racontés simplement sans rien vouloir romancer ni enjoliver. Nous voudrions qu'après avoir lu notre récit, on pense à ces millions de corps figés par la mort, en se disant que chacun d'eux étaient un être humain, un homme, une femme, une petite fille comme on en rencontre au travail ou dans la rue, au cinéma ou dans l'escalier de la maison.