Aleksi K. Lepage

Je ne pourrai mourir tranquille qu'après m'être entretenu avec un mort ou un extraterrestre. Dieu ferait l'affaire.

Certains individus font de l’effet. On dit d’eux qu’ils dégagent, qu’ils en imposent, qu’ils en déplacent, que leur magnétisme naturel nous inspire les plus nobles sentiments, que leur seule présence en quelque endroit apporte chaleur et lumière, qu’à leur contact, à leur simple passage, tout s’éveille, les chiens, les chats, les plantes, la vie. De ces personnes on dit aussi qu’elles irradient, resplendissent, qu’elles sont comme des soleils. J’aimerais être tel, vraiment, j’aimerais avoir ces prédispositions, ce pouvoir d’attraction, d’irradiation, être un soleil-vivant et resplendir à tout vent. Mais, à l’inverse, depuis toujours j’ai l’impression de plutôt n’inspirer, de plutôt n’expirer, enfin de plutôt ne respirer que du vide, de plutôt n’attirer que du rien, d’en créer autour de moi, de repousser tout, tous et toutes comme un aimant renversé.

Quelques secondes de pure félicité, suivies d’un abattement de tous les sens et de la raison. Puis ça revient et ça repart. Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi de la joie ? De l’extase ? De l’orgasme ? Ça ne dure jamais que le temps d’un clignement de l’âme.

Ma vie, je n’ai pas la fougue ni le talent de la raconter, de l’écrire pour d’autres, pour vous, de la réinventer, de la mettre en scène, enfin de jouer avec ; ma vie, donc, comme à peu près tout le monde je me contente de la vivre à défaut de pouvoir en faire une bonne histoire.