Si la poésie m’aidait à filtrer et bloquer un trop-plein de rengaines sans saveur, j’éprouvais régulièrement le besoin de figer mes listes obsessionnelles et compulsives dans un carnet, et ainsi me vider la tête, au sens propre du terme. J’avais donc en permanence avec moi un carnet aux fins feuillets de couleur maïs, protégé par une pochette de cuir fermée d’un ruban de feutre noir. Ce carnet contenait toute ma vie, le pire comme le meilleur, à travers des pages inondées de symboles où le vrai entrelaçait le faux dans un foisonnement qui décrivait comment mon passé léchait mon avenir.