Alex Zune

Enfermée dans ce qui ressemblait à une lanterne de verre, la Rose-Vent brillait d'un éclat pourpre scintillant. À sa grande surprise, Saga pouvait observer l'astre à l'œil nu sans que celui-ci ne l'éblouïsse outre mesure. Iriden, qui avait remarqué la perplexité croissante du garçon, précéda toute question relative au phénomène.
_ La lumière des étoiles-reines est régulée par les lanternes des Phares, expliqua-t-il. Si elles illuminaient le monde avec leur éclat naturel, nous serions tous aveugles tant elles sont puissantes.

_ Le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui est bien différent de celui des origines. L'apparition des étoiles est le fruit de ce que les écrits anciens appellent l'Explosion de la Lumière. Ne t'es-tu jamais demandé ce qu'il y avait eu avant cela ?
_ Je ne m'intéresse pas à ce genre de légende Edward. Je suis étonnée qu'un homme comme toi y soit sensible.
Le recteur se crispa légèrement.
_ Toute légende a son fond de vérité. Si je te disais que l'Imasfer était en mesure de créer un astre universel, si puissant qu'il illuminerait le monde à jamais, me croirais-tu ?
_ C'est impossible, répondit simplement Galielle.

Ainsi, Galielle ne put dissimuler l'étrange relation qu'elle nouait avec Iriden. Le jeune homme était plus jeune qu'elle, mais sa fougue et sa maturité l'avaient toujours attirée. Il dégageait quelque chose que les autres n'avaient pas, l'aura d'un destin grandiose, bien que surement terrible. Elle ne l'aimait pas pour autant. L'amour était un luxe interdit aux farenheims, bien qu'en principe, rien ne le prohibait clairement. Il s'agissait plutôt d'une norme que tous respectaient pour faire bonne figure, laquelle contribuait à les différencier du commun des mortels.

_ Nous, les aers, sommes sourds de naissance.
En revanche, nous voyons les ondes sonores produites par chaque élément et pouvons interpréter leur signification à partir de leur couleur. Un individu triste transmettra des vibrations plus sombres que quelqu'un de joyeux.

Comme Saga ne tarda pas à le constater, les faubourgs de
Wirmar n'étaient guère un lieu agréable ou vivre. Si la cité fortifiée symbolisait la puissance et la richesse du royaume est, les terres environnantes témoignaient au contraire de la précarité du petit peuple. Bien sûr, Saga n'ignorait pas que la pauvreté était le quotidien de nombre de vivants de la Sunveria. Senra Lorin elle-même abritait un quartier où les oubliés du monde formaient une société paralèlle à celle commandée par le Roi. Les plus forts survivaient assez longtemps pour voir d'autres lendemains tandis que les faibles, eux, crevaient dans la fange sans que quiconque se soucie d'eux. Le semblant d'ordre social qui y régnait reposait donc sur la violence et la peur insufflées par ceux qui avaient tué pour survivre.

Le guerrier dégageait une aura étrange. Ses paroles avaient un poids presque matériel et résonnaient d'un air calme et pourtant inquiétant. Saga déglutit lentement. Son affrontement contre Ginté à Relhm lui avait laissé un mauvais souvenir. Les chairs brûlées possédaient un pouvoir contre lequel les étoiles ne pouvaient rien. Il invoqua malgré tout le bâton d'Aldrin et adopta une mission offensive, prêt à l'assaut.
Il pouvait à peine sentir la force de l'arme stellaire vibrer à travers ses doigts. Celle-ci était bien moins importante que lors de son dernier combat contre l'Ordre. Le Ciel Noir avait gagné en intensité et réduisait la puissance des étoiles. C'était déjà un miracle que Saga soit en mesure d'utiliser Aldrin de cette façon.

À une époque où les étoiles étaient tojours considérées comme des êtres divins, Kéramel fut le premier à remettre en cause leur véritable nature. Il croyait au caractère sauvage et in domptable des flammes, et plus particulièrement à la Braise Originelle. Celle-ci brûlait dans le foyer du Vagabond, un être dont l'unique mission sur terre était de maintenir la lumière en allumant des feux à mesure de son voyage solitaire.