Le Caucase passait pour une terre d'exil, un châtiment : "Notre Sibérie douce", comme l'appelait l'Empereur. Il y voyait les indésirables, les agitateurs, Pouchkine, Lermontov, les poètes en disgrâce.
Aux lieutenants dégradés, aux généraux cassés, les " guerres de pacification " donnaient l'occasion de se racheter : ils pouvaient y regagner leurs galons et rentrer en héros. Ceux qui avaient la chance d'en revenir conservaient toutefois au fond des yeux quelque chose de fou, un air sombre et exalté qui les différenciait des autres officiers. Ils gardaient " l'empreinte des montagne", la nostalgie de cette nature grandiose, de leurs aventures parmi les rebelles, de leur liberté aux confins de l'Empire.