Ton souffle sur ma nuque
De plus en plus chaud
Ton rire dans mon ventre
De plus en plus fort
Tes yeux sur mes lèvres
De plus en plus près
Nous
De plus en plus prêts
Ta peau enfin
Tes mains
Ta bouche
Et tout autour
Et dedans
Le feu
Doux-amer
De vous j'attends tout
Des réveils salés aux traversées du désert
Du miel entre les doigts aux épines fichées
Dans la gorge
-Tempête-
Je suis faite de toutes mes solitudes
Et de longues absences
Les genoux repliés
Et les yeux immobiles
Tu peux saisir ma main
Comme tu ramasses un coquillage
Comme lui je suis vide
Comme lui je suis froide
Mais je pourrais
Trancher une ligne sous ton pied
Alors que je ne te veux nul mal
Alors qu'avec mes larmes
Tu pourrais aussi faire un collier
- Marée -
Dès lors que j'ai tout dit
Que tous les mots
La douleur et les larmes
Ont reflué
Hors de mon corps
Je me sens vide
Et je me demande
Comment ramasser
Des coquillages
Sur le rivage
Les trouver beaux
Alors qu'ils n'ont
Plus rien à l'intérieur
Le drap où tu m'attends enroulé
Ton corps nu et ta bouche
Qui revêt la forme de contrées inconnues
Je garde tous les mots que l'on s'est échangés
Et plus précieusement encore ce que l'on a tus
Je garde tes yeux
Moi je sais
Que je ne pourrai pas
Porter le soleil en hiver
Ni goûter la pluie de désert
Ou brûler au cœur du volcan
Confondre ma lave et ton sang
Alors que je voudrais
Je voudrais
Le trou
Au milieu
De ma poitrine
J'y ai vu
Entrer la balle
Passer les oiseaux
Défiler les images
J'ai essayé d'y mettre
De la paille
Du coton
Un mirage
Tout ce qui
En dedans
Brûlait à petit feu
Maintenant
Je prends racine
Je me déplie
Et je touche
Presque la cime
Je me tiens droite
Le cœur au ciel
Les bras en fleur
Et je porte en grelots
Tout ce qui peut
Me faire ployer
Pour qu'un jour
Les roses ne soient plus épines
Mais velours
questions bête
dans tes silences
et dans la nuit
dans ton absence
et dans lit
dans cet ailleurs
et dans ma fuite
est-ce que tu m'oublies ?
( pages 71)