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Citation de Lamifranz


KAAMELOTT
LIVRE I - Episode 28
LA BOTTE SECRETE

(Alexandre Astier)


Perceval et Karadoc finissent leurs verres. Le tavernier débarrasse les tables vides en soupirant.

LE TAVERNIER : Allez, une journée de plus en moins. On va dormir un peu, et demain on recommence. Je peux vous dire que « tavernier », c’est pas une sinécure.
KARADOC : C’est pas faux.
Le tavernier s’éloigne.
PERCEVAL (discrètement à Karadoc) : J’ai jamais su ce que ça voulait dire « sinécure.
KARADOC : Moi non plus. Quand vous comprenez pas, vous dites « C’est pas faux ». Comme ça vous passez pas pour un glandu. C’est ma botte secrète.
PERCEVAL (intrigué) : C’est pas faux.

*
Arthur et Perceval sont à table.

ARTHUR : Faudra quand même qu’un jour on se décide à mettre un poste de garde sur cette route. Trois fois qu’on se fait surprendre comme des bleus par les Vandales.
PERCEVAL : Le problème, c’est que quand on met des hommes à un poste de garde, la première semaine, ils jouent aux cartes, ils font leur petit rata, mais après, avec la solitude, ils sont beurrés du soir au matin. On les retrouve affalés sur la table…
ARTHUR : Ils se débrouillent ! Une relève toute les deux semaines, je me fous pas d’eux, quand même ! Je suis désolé, c’est ça « monter la garde », on n’a jamais dit que c’était une sinécure.
PERCEVAL, gardant son calme : C’est pas faux !

Arthur continue de manger. Perceval est rassuré.

ARTHUR : Alors du coup, les Vandales arrivent au poste de garde, ils sont surpris, et ils n’ont même pas le temps de donner l’alerte !
PERCEVAL : La première semaine, ça va.
ARTHUR : La première semaine… Vous irez leur dire, aux Vandales, qu’il faut pas qu’ils se pointent en deuxième semaine parce que nos gardes supportent pas la solitude.
PERCEVAL : Je sais bien.
ARTHUR ; Sans blague, vous trouvez pas que c’est paradoxal ?
PERCEVAL, inquiet, après une seconde d’hésitation : Ouais, c’est pas faux.
ARTHUR, satisfait de l’accord de Perceval : Et alors…

Perceval est ravi de sa nouvelle technique.

*

Arthur, Lancelot et Perceval sont retranchés derrière les arbres. Blessés, menacés de toutes parts par leurs ennemis, ils tentent de trouver une solution de repli, alors qu’au loin, la bataille fait rage.

ARTHUR : Il faut qu’on trouve une solution de repli, on va y rester !
LANCELOT : Ils ont coupé les deux issues au nord et au nord-est !
ARTHUR : Mais c’est pas sûr, ça !
LANCELOT : Les éclaireurs reviennent pas, vous allez pas me dire que c’est bon signe ?
ARTHUR : Et de rester là comme des noix à attendre de se faire dérouiller, vous trouvez que c’est bon signe ?
LANCELOT : On va pas courir vers des points de retraite en sachant qu’il y a neuf chances sur dix qu’ils soient exposés !
ARTHUR : Mais on en sait rien, venez pas me la jouer ! Les éclaireurs sont pas revenus, c’est tout ! ça veut rien dire, ça !
LANCELOT, paniqué, prenant une carte des mains de Perceval : Il faut trouver un autre point !
ARTHUR : Je croyais que les cartes étaient fausses ! Faudrait savoir !
PERCEVAL : Attendez, j’ai pas dit qu’elles étaient fausses ! On m’a dit qu’elles étaient pas d’hier, c’est pas pareil !
LANCELOT : Mais elles sont vraiment vieilles ?
PERCEVAL : J’en sais rien, moi, je vous répète ce qu’on m’a dit. De toute façon j’y comprends rien aux cartes !
ARTHUR : Ah, faites un effort, hein !
PERCEVAL : On m’a dit : « Attention, elles sont pas d’hier »
LANCELOT : D’accord, elles sont pas d’hier, mais est-ce que vous pensez qu’elles sont obsolètes ?
PERCEVAL, sans frémir : Euh !... C’est pas faux !
ARTHUR : Quoi « c’est pas faux » ?
PERCEVAL : De quoi ?
LANCELOT : On vous demande si vous pensez que les cartes sont obsolètes !
PERCEVAL : Bon, c’est pas faux.
ARTHUR : Bon, on s’est fait refiler des cartes d’il y a vingt ans, quoi…
PERCEVAL : J’ai pris ce qu’il y avait, moi.
ARTHUR : Vous vous êtes encore débrouillé comme un chef ! Je me demande vraiment ce qu’on peut vous confier…
LANCELOT : Ecoutez, on tente une passe triple, on est trois…
PERCEVAL : De quoi ?
ARTHUR : Une passe triple, c’est pas con, on a nos chances…
PERCEVAL, paniqué : Ouais, c’est pas faux !
LANCELOT : Convergente ?
ARTHUR, après une seconde de réflexion : Convergente, ouais… On est obligé à cause des arbres…
PERCEVAL, perdu : Ouais, c’est pas faux.

Arthur et Lancelot se préparent.

LANCELOT : Trois… deux… un…

Ils se lèvent et partent en courant. Perceval reste seul.

PERCEVAL, criant : Ouais, c’est pas faux !

*

Perceval et Angharad discutent.

ANGHARAD : C’est vrai qu’en ce moment ça va pas fort. Heureusement que vous êtes là pour me réconforter.
PERCEVAL : C’est bien normal.
ANGHARAD : Non, quand même… Combien il y en a qui se débinent dès qu’il y a quelque chose qui cloche ?
PERCEVAL : Vous me dites « ça va pas fort, il faut qu’on se voit », on se voit. Avec moi, vous savez, c’est carré.
ANGHARAD : Surtout qu’on s’est pas vus souvent ces derniers temps !
PERCEVAL : Ah bah !... Les responsabilités… Toujours sur la brèche…
ANGHARAD : Beaucoup d’envahisseurs à repousser ces temps-ci ?
PERCEVAL : C’est pas tellement ça, mais bon… Arthur a souvent besoin de moi pour des conseils stratégiques. Disons que je chapeaute un peu tout ce qui est action militaire sur le territoire breton. Ça fait du travail.
ANGHARAD : C’est d’autant plus gentil à vous d’avoir pris un peu de temps pour moi. Je sais pas ce qui m’arrive ces jours-ci… Je me regarde dans le miroir, j’ai l’impression d’être insipide !
PERCEVAL, ne comprenant pas : Ouais, c’est pas faux.

Angharad encaisse le coup.

ANGHARAD, dure : ça m’a fait du bien de parler, merci.

Elle s’en va. Perceval se félicite, lui-même.

*

Arthur et Perceval sont à table, ils mangent.

PERCEVAL : Les travers de porc, c’est pas mauvais, mais ça vaut pas les côtelettes. Les côtelettes, c’est plus savoureux.
ARTHUR : Ouais, c’est pas faux.

Perceval regarde Arthur sans y croire.

PERCEVAL : Sans blague, vous savez pas ce que ça veut dire « savoureux » ?
ARTHUR : Quoi ? Ben… Evidemment que si.

PERCEVAL : C’est « côtelettes » que vous ne comprenez pas ?
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