Le chanteur était en même temps le poète. Quant à l’air, il faudrait être un de ces hommes des montagnes pour vous le rendre dans toute sa sauvage tristesse, dans toute sa sombre simplicité.
En voici les paroles :
Dans le marais de Stavila,
Où tant de sang guerrier coula,
Voyez-vous ce cadavre-là ?
Ce n’est point un fils d’Illyrie ;
C’est un brigand plein de furie
Qui, trompant la douce Marie,
Extermina, trompa, brûla.
Une balle, au coeur du brigand
À passé comme l’ouragan,
Dans sa gorge est un yatagan.
Mais depuis trois jours, ô mystère,
Sous le pin morne et solitaire,
Son sang tiède abreuve la terre
Et noircit le pâle Ovigan.
Ses yeux bleus pour jamais ont lui,
Fuyons tous, malheur à celui
Qui passe au marais près de lui,
C’est un vampire ! le loup fauve
Loin du cadavre impur se sauve,
Et sur la montagne au front chauve,
Le funèbre vautour a fui.