Choron ne savait pas ce que c'était que la peur; il n'avait jamais reculé devant homme ni animal qui fût au monde. Il allait relancer le sanglier jusque dans sa bauge la plus profonde; il allait attaquer les braconniers jusque dans leurs retraites les mieux défendues. A la vérité, Choron recevait de temps en temps quelques coups de boutoir à la cuisse, ou quelques chevrotines dans les reins; mais, dans ce cas, il avait une façon de traiter ses blessures qui lui réussissait souverainement bien. Il montait de sa cave deux ou trois bouteilles de vin blanc, tirait un de ses chiens de sa niche, se couchait à terre sur une peau de cerf, faisant lécher sa plaie par Rocador ou par Fanfaro, et, pour réparer le sang perdu, avalait, pendant ce temps-là, ce qu'il appelait sa tisane; le soir, il n'y paraissait presque plus, et, le lendemain, il était guéri.