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Citation de joellebooks


Ce jour-là, je n’ai pas vu l’heure tourner, la menace de Samir avait cessé de palpiter en moi ; j’avais même fini par oublier mes mains endolories. Il était près de 20 h quand nous avons arrêté de jouer. Je devais traverser la ville pour retourner chez moi. J’ai fait tout le chemin en courant. Mes poumons étaient en feu. Avant d’entrer dans le lotissement, il fallait traverser une artère. J’étais terrorisé à l’idée que mes parents soient en train de me chercher partout. C’était la première fois que je rentrais si tard. J’entendais déjà les terribles remontrances que j’aurais à subir. Empêtré dans mes pensées, j’ai traversé au feu rouge piéton, juste devant le nez d’une voiture : celle de mes parents. Mon père a freiné, m’évitant de justesse, puis il est reparti en douceur. Il ne s’est pas arrêté pour me prendre à bord, il a continué sa route.
Quand je suis arrivé à bout de souffle, mes parents déchargeaient les courses. Ma mère m’a rappelé de ne pas rentrer si tard, mon père m’a simplement dit de ne pas rentrer les mains vides et m’a tendu un sac de provisions. Je n’ai même pas eu droit à une engueulade. Mon père avait failli m’écraser, mais pas un mot n’est sorti de sa bouche à ce sujet. Longtemps je me suis demandé ce qui aurait bien pu animer quelques sentiments chez eux. Que je m’écrase sur le pare-brise pour leur obstruer la vue ? Qu’ils traînent mon corps sur une centaine de mètres pour enfin se rendre compte de ma présence ? Que la morgue leur rappelle mon identité ? Je jugeais ma mère avec autant de dureté que mon père pour la simple raison qu’elle acceptait d’être sa passagère.
Tout le temps où je m’étais enfui pour échapper à Samir, mon cartable était resté sur le trottoir, essuyant quelques averses. Deux cahiers étaient trempés et bons à mettre à la poubelle. Le pire je crois, c’est que le reste de la fratrie était rentré en passant devant mon cartable, avait dîné sans s’inquiéter une seconde de mon absence.
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