A cette époque, j’échappais à mon frère sans l’aide des mots. Je me réfugiais, en pensées, dans des lieux amis, je leur confiais mes sens. Mes genoux écorchés, mes vertèbres meurtries, les ecchymoses sur mes cuisses n’étaient pas de taille face à cette autre interprétation de la vie qui s’exprimait en moi grâce à ces puissances de l’esprit.
Ainsi, pendant que des pieds malmenaient mon corps, des images rassurantes naissaient dans ma tête, comme le domaine des géants bleus, ces hauts sapins qui faisaient comme une haie d’honneur de part et d’autre du chemin menant au cœur de ma forêt. Personne, pas même Samir, ne pouvait m’atteindre là-bas.