Einstein a crée la théorie de la relativité générale et écrit les équations gouvernant les propriétés physico-géométriques de l'univers ; Friedmann a découvert les solutions non statiques de ces équations décrivant la variation temporelle de l'espace, et entrevu son possible commencement dans une singularité : Lemaître a relé l'expansion théorique de l'espace au mouvement observé des galaxies, et jeté les bases physiques du Big Bang ; Hubble, enfin, a démontré la nature extragalactique des nébuleuses spatiales, et confirmé expérimentalement la loi de proportionnalité entre leur vitesse de récession et leur distance.
Mais si Einstein a osé toucher à l'espace, il n'a pas osé toucher au temps. Là réside le défaut fatal de son modèle cosmologique : l'univers d'Einstein, c'est de la matière sans mouvement.
Il est remarquable qu'aujourd'hui encore des adversaires acharnés du Big bang - souvent pour des raisons extra-scientifiques - se focalisent sur une possible incompatibilité entre l'âge de l'univers théorique (calculé à partir de la constante de Hubble) et l'âge des plus vieux objets de l'univers (non plus la Terre, mais les plus vieilles étoiles).
Lemaître imaginait que l'univers du début devait être plus dense, Gamow a précisé qu'il devait être également plus chaud.
Le modèle auquel il aboutit [Lemaître] décrit un univers de courbure positive en expansion monotone, à densité et pression non-nulles, et qui, lorsqu'on remonte indifféremment le temps dans le passé, s'approche de manière asymptomatique de la solution statique d'Einstein.
Il n'est pas inutile de souligner cette rigueur théologique de Lemaître, lorsque aujourd'hui des cosmologistes américains, après avoir détecté expérimentalement les inhomogénéités du fond diffus cosmologique, osent déclarer qu'ils ont vu "le visage de Dieu" !
L'intérêt exceptionnel de travail de Lemaître est d'introduire pour la première fois l'idée que les vitesse de récession des nébuleuses extragalactiques sont les conséquences cosmiques de l'expansion de l'univers dans le cadre de la relativité générale.