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Citation de babel95


Elle entend le murmure du pays, tout près d’elle. Des questions ressassées des centaines de fois, au creux des jours et au soir avant de s’endormir, par ces hommes fatigués et brutaux, avides et peinés, qui sentent leur vieux monde s’embrumer peu à peu, parcouru par les vents et la mort, raviné par les pluies, isolé par des contreforts noirs, des routes trop peu nombreuses et trop difficiles à entretenir, des voies ferrées déficitaires et sans cesse menacées par des comptables dont les visages ignorent tout des morsures du vent. Un vieux monde qui leur a été légué mais que leurs doigts gourds et tordus n’arrivent plus à retenir. Un monde qui semble ne plus faire partie de rien, un pays entier relégué en périphérie. Tous ces murmures s’enroulent autour d’elle, autour de la maison, autour de la ferme jusque au-delà des arbres et de la rivière, autour des enfants, autour de ses mains, comme autant de liens effilochés. Elle regarde ses poignets, incapable de déchiffrer ses propres envies, ses désirs et son jugement obscurcis, sa raison un caillou englouti par la rivière, juste là sous la surface et tout à fait inatteignable.
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