La loi de 1970 reposait sur une équation limpide : pour les trafiquants, la sévérité et la répression ; pour les usagers, la compassion et le soin. À aucun moment, le personnel politique des années 1968-1970 ne s’était demandé si les deux rôles ne pouvaient pas se cumuler, jugeant que les toxicomanes étaient les victimes innocentes du crime organisé, d’influences culturelles néfastes ou de produits psychotropes disponibles en pharmacie. Or, au lendemain même du vote surgit la figure de l’usager-revendeur qui remettait en cause ce schéma binaire. Une nouvelle forme de criminalité et de comportement déviant, en tout cas vis-à-vis des normes dominantes, devint aussitôt visible, compliquant l’application du régime de prohibition.