Mais de tous ces divertissements, le plus ingénieux et le plus délicat était sans contredit le suivant : on enfermait un ours affamé dans une chambre vide. À un anneau fortement scellé dans la muraille pendait une chaîne dont la longueur, qui était presque celle de la loge, ne laissait qu’un des angles à l’abri des atteintes de l’animal. On y faisait entrer, sous quelque prétexte, tel ou tel nouveau venu, après quoi l’on fermait la porte. Resté seul avec l’ermite velu, le malheureux se réfugiait bien vite dans le coin de salut, trop heureux d’en être quitte pour des vêtements déchirés, et obligé souvent de rester là des heures entières, sentant sur lui le souffle du monstre qui faisait des efforts furieux pour briser sa chaîne.