Les lettres du goulag de Navalny à Sharansky (du journal Le Monde)
Alexeï Navalny à Natan Sharansky :
« Cher Natan, c’est Alexeï Navalny, qui vous salue depuis l’oblast de Vladimir – même si je doute que vous en gardiez de chaleureux souvenirs.
Je me trouve actuellement dans la colonie pénitentiaire numéro 6, à Melekhovo, mais la prison de Vladimir m’écrit qu’une cellule est en train d’être préparée pour moi. Je vais donc probablement être transféré dans le même établissement que celui où vous avez été. […] Je vous prie de pardonner cette intrusion et cette lettre d’un inconnu, mais je crois que c’est une chose permise entre un auteur et son lecteur.
Je vous écris en effet en tant que lecteur. Je viens de lire votre livre, Tu ne craindras point le mal, alors que j’étais au PKT (cellule disciplinaire). À présent, je vous écris du ShIZO, (cellule d’isolement punitif, l’équivalent du mitard) – j’y aurai passé 128 jours au total ! […]
Je tiens à vous remercier pour cet ouvrage qui m’a beaucoup aidé et m’aide encore. Oui, je suis actuellement au ShIZO, mais j’ai lu que vous aviez passé 400 jours en cellule disciplinaire, […]
J’ai conscience de ne pas être le premier, mais j’espère vivement être le dernier, ou du moins un des derniers, à devoir endurer tout cela.
[…] »
Réponse de Natan Sharansky à Alexeï Navalny :
« Mon cher et très respecté Alexeï, j’ai été bouleversé en recevant votre lettre. La seule pensée qu’elle vient directement du ShIZO, où vous avez déjà passé cent vingt-huit jours, me bouleverse – comme un vieil homme serait bouleversé en recevant une lettre se son « alma mater », l’université où il a passé les années de sa jeunesse.
Je vais vous faire une réponse non seulement d’auteur à son lecteur, mais aussi d’admirateur.
[…]
À présent, voici ma réponse d’admirateur :
[…] Au lendemain de votre retour en Russie, un correspondant européen posait cette question, qui m’a profondément mis en colère : « Pourquoi y est-il retourné ? Tout le monde savait qu’il allait se faire arrêter à l’aéroport – ne comprend-il donc pas une chose si évidente ? » J’ai eu cette réponse assez brutale : « C’est vous qui ne comprenez rien. Si vous croyez que son but est de survivre, alors vous avez raison. Mais ce qui le préoccupe véritablement, c’est le sort de son peuple, et en retournant en Russie, il lui dit : « Je n’ai pas peur, et vous non plus, vous ne devez pas avoir peur. » »
Je vous souhaite – aussi dure que la détention puisse être physiquement – de conserver votre liberté intérieure.
En prison, j’ai découvert que, outre la loi de la gravitation universelle des particules, il existe aussi une loi universelle de la gravitation des âmes. En restant un homme libre en prison, Alexeï, vous touchez l’âme de millions de personnes dans le monde.
[…] »
[je n'ai que la traduction approximative, car personne n'en parle, et c'est bien dommage, après avoir piégé son empoisonneur, voici ce que dit Navalny dans une vidéo]
Je suis bien le seul homme dont on discute du slip dans une réunion en haut lieu !
[Lors de son empoisonnement au novishok]
Je savais que j'étais en train de mourir
« Trois choses ne cessent de m’étonner. Le ciel étoilé au-dessus de nos têtes, l’impératif catégorique au-dedans de nous et l’impression merveilleuse de passer sa paume sur son crâne fraîchement rasé. »
C’est en parodiant Emmanuel Kant qu’Alexeï Navalny publie son premier post Instagram depuis qu’il se trouve dans la colonie pénitentiaire de Pokrov, près de Vladimir, à une centaine de kilomètres de Moscou.
[Heard when Benedict Cumberbach reads his final letters ]
I promise I will not let you down I will not deceive you and I will not abandon you.
Si j'étais Voldemort, je m'arrangerais pour que tu te sentes complètement isolé.
[Heard when Benedict Cumberbach reads his final lettes ]
It's actually very simple I have my country and my convictions and I don't want to renounce either my country and my convictions.