Jeudi 25 mai (1916)
Je me lave: la première fois depuis neuf jours.
Au repos! En vain, je recherche comme aux autres repos mes amis. Je m'attends toujours à voir arriver ce pauvre de Lagerie, Sevin, Pautrel, gais, pleins de bonne humeur, leur causer, rire avec eux. Mais nous les avons laissés pour toujours. On ne peut même pas dire qu'ils reposent en paix. Ils sont tombés en pleine bataille, et ils restent, au-delà de la mort, soumis aux affronts des balles et des obus.
Mercredi 10 mai (1916)
On reste à Laheycourt. Période d'attente insupportable. On voudrait savoir. Où je loge, une jolie brune aux yeux bleus: Mlle Louise. En apprenant le soir que je partais (pour le champ de bataille de Verdun), elle m'a demandé à m'embrasser, ce que j'ai accepté avec grand plaisir.