AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de cegeglyx


Qui de nous n’a trouvé du charme à suivre des yeux les nuages du ciel ? qui ne leur a envié la liberté de leurs voyages au milieu des airs, soit lorsque, roulés en masse par les vents et colorés par le soleil, ils s’avancent paisiblement comme une flotte de sombres navires dont la proue serait dorée ; soit lorsque, parsemés en légers groupes, ils glissent avec vitesse, sveltes et allongés comme des oiseaux de passage, transparents comme de vastes opales détachées du trésor des cieux, ou bien éblouissants de blancheur comme les neiges des monts que les vents emportent sur leurs ailes ? L’homme est un lent voyageur qui envie ces passagers rapides ; rapides moins encore que son imagination ; ils ont vu pourtant, en un seul jour, tous les lieux qu’il aime par le souvenir ou l’espérance, ceux qui furent témoins de son bonheur ou de ses peines, et ces pays si beaux que l’on ne connaît pas, et où l’on croit tout rencontrer à la fois. Il n’est pas un endroit de la terre, sans doute, un rocher sauvage, une plaine aride où nous passons avec indifférence, qui n’ait été consacré dans la vie d’un homme et ne se peigne dans ses souvenirs ; car, pareils à des vaisseaux délabrés, avant de trouver l’infaillible naufrage, nous laissons un débris de nous-mêmes sur tous les écueils.

Où vont-ils les nuages bleus et sombres de cet orage des Pyrénées ? C’est le vent d’Afrique qui les pousse devant lui avec une haleine enflammée ; ils volent, ils roulent sur eux-mêmes en grondant, jettent des éclairs devant eux, comme leurs flambeaux, et laissent prendre à leur suite une longue traînée de pluie comme une robe vaporeuse. Dégagés avec efforts des défilés de rochers qui avaient un moment arrêté leur course, ils arrosent, dans le Béarn, le pittoresque patrimoine de Henri IV ; en Guienne, les conquêtes de Charles VII ; dans la Saintonge, le Poitou, la Touraine, celles de Charles V et de Philippe-Auguste, et, se ralentissant enfin au-dessus du vieux domaine de Hugues Capet, s’arrêtèrent en murmurant sur les tours de Saint-Germain.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}