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Citation de yuya46


Achille s’est laissé tomber à terre en poussant des cris affreux. Il lui semble que son cœur s’est fendu sous la douleur comme l’aubier pourpre du chêne sous la cognée du bûcheron. Il se roule dans la poussière, arrachant ses cheveux et ses vêtements. Antiloque presse ses mains en sanglotant. Il s’efforce d’arracher le jeune prince aux premiers égarements de sa peine. Autour d’eux, esclaves et serviteurs contemplent avec des larmes le désespoir de leur maître. À genoux, ils le supplient de respecter sa propre vie. Mais Achille n’écoute rien. Sa pensée erre, confuse, dans un océan de douleur. Le héros craint de tous, crie et pleure comme un enfant.
Et sa mère l’a entendu.
Du fond des ondes, dans le palais de rocs et d’algues qu’elle habite parmi des nymphes et des sirènes, Thétis, la déesse marine, a senti le malheur qui accablait son fils. Invisible, elle a volé jusqu’à lui, elle s’est penchée et l’a pris dans ses bras :
— Ô mon fils, lui dit-elle, que puis-je pour ta peine ? Cesse de te meurtrir. Hélas ! le Destin est plus fort que nous. Fuis ce rivage maudit qui t’a donné ta première grande peine. Fuis-le ou tu périras aussi.
— Non, dit Achille dans un sanglot farouche, je veux venger le compagnon, le frère que j’ai perdu. Que m’importe la mort ! Celle de Patrocle a emporté la moitié de mon âme. J’abhorre la vie. Ma mère, pourquoi m’avoir aidé dans ma rancune ? Sans elle, sans cette obstination qui m’a enchaîné dans l’oisiveté, je serais resté à la tête des Grecs. J’aurais repoussé l’attaque des Troyens et Patrocle, mon cher Patrocle, serait vivant encore. Je vais égorger Hector, l’assassin de mon ami. Que la mort me prenne ensuite. Je ne regretterai rien.
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