Dans le film "La cité de la peur", un mystérieux assassin tuait les projectionnistes qui projetaient le film "Red is dead", un film d’horreur nanardesque. C’était délicieusement décalé.
Ici, c’est différent : un mystérieux type détruit des films de propagande nazi. Nous ne sommes pas dans une comédie, mais en 1941, sous l’Occupation.
Un agent de la police secrète allemande demande au commissaire Lange d’éponger cette affaire avant qu’il n’y ait des fuites et que les gens évitent les cinémas et ses merveilleux films allemands ! C’est de l’ironie de ma part, bien entendu, ce n’en est pas du fridolin qui cherche surtout un coupable Juif.
Le graphisme est très beau, les dessins sont réalistes, coloriés dans des tons pastel, assez clairs. Bref, c’est un bel objet.
Comme le commissaire Lange, nous sommes des néophytes en matière de cinéma des années 40, heureusement, en même temps qu’une personne le renseignera, nous pourrons en apprendre plus de notre côté et se coucher moins bête.
Le scénariste a fait du bon boulot en amenant des détails de la vie à Paris sous l’occupation et les infos sur le cinéma de l’époque de manière subtile, intégrant le tout dans son scénario, dans les dialogues, sans que cela ressemble à un cours. Alicia Grande, la dessinatrice, a bien restitué le tout en images.
Bien des sujets seront mis en lumière dans ce premier album, les uns s’imbriquant dans les autres, comme les briques de couleurs célèbres, le tout formant une toile cohérente. De plus, notre commissaire n’enquêtera pas que sur le pyromane des bobines de propagandes. Il y a du crime mystérieux aussi.
Les personnages ne sont pas figés, chacun a ses petits secrets, ses bizarreries. Le commissaire décroche le pompon (mais je ne dirai rien de plus), son adjoint, l’inspecteur Goujon fera fort lui aussi, sa voisine Clothilde n’est pas en reste non plus…
Des mystères, des enquêtes qui doivent se faire avec délicatesse pour ne pas froisser les copains des dignitaires nazis et où le mot "collaboration" peut prendre plusieurs sens, bon comme mauvais.
Le résultat est que le premier tome est instructif tout en étant addictif. Nous sommes face à des enquêtes dont les mystères sont aussi épais qu’une bottine allemande et avec des personnages qui nous cachent bien des petits secrets inavouables…
Bien des personnages connus se retrouveront croqués dans ce premier album, dont Tino Rossi qui ne chantait pas "petit papa Noël" à la table des officiers allemands ou le réalisateur Clouzot qui ne faisait qu’une seule prise puisque les mètres de pellicule étaient comptés, ainsi que Danielle Darrieux et Fernandel chez Maxim’s.
Une bande dessinée sur une période sombre de l’Histoire et ce ne sont pas les projecteurs du cinéma qui vont lui donner de la lumière, vu que le régime de Vichy a créé le C.O.I.C (Comité d’Organisation de l’Industrie Cinématographique) afin de contrôler la production cinématographique…
Sans compter qu’il fallait correspondre aux exigences de Goebbels qui voulait que les Français se contentent de films creux, de sornettes légères, de films inconsistants, comme les producteurs de films faisaient déjà puisque soumis à la censure vichyste.
Une belle découverte, une fois de plus et je m’en vais de ce pas lire le second tome (c’est un diptyque) afin de découvrir ce qu’il se cache derrière tous ces mystères…
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