Quelques heures plus tard, je suis réveillée par l'intuition qu'il me faut regarder le paysage: j'ouvre le volet du hublot et ce que je découvre me coupe le souffle. L'avion est en train de survoler l'Himalaya, dont la blancheur suffit à éclairer les ténèbres.Nous sommes si près de la cime que je rentre le ventre à l'idée de toucher l'Everest[...] je demeure collée à la vitre, à dévisager ces colosses enneigés. La nuit est bénie, qui rend possible cette contemplation : de jour , la violence de la lumière m'aurait obligée à détourner les yeux.De nuit, j'ai l'impression de rencontrer , lors d'une expédition de plongée sous-marine, une famille de baleines bleues, nobles et immobiles, dans ces ténèbres imparfaites des fonds pénultièmes qui permettent d'y voir tellement mieux que les horribles éclairages des hommes.