La lune est venue accoster notre lit.
Elle a laissé ce peigne, cette nacre, ce nectar.
Elle a mis une soie brillante sur ton âpreté.
Elle a mis un cristal parfumé sur chaque drap
qu'elle a trouvé et qu'elle n'a pas trouvé
plus que les bourgeons ailés de ton dos.
La tiède, la voleuse, l'inespérée
est venue boire les étincelles endormies de ton front,
les miettes de cet amour consommé.
La lune est venue accoster notre lit,
cet oignon d'argent, cette version
féline de la neige, cette cuillère.
La terrible, la fugitive
est venue voler ton pain, ton sexe d'or frais
sorti de mon four
le meilleur. L'inespérée, la tiède, la voleuse !
Poignée d'alizés.
La fugitive.
[...]
Le fiancé est satisfait
quant au père - nous sommes en
Amérique Centrale - il ne lui déplait pas
que sa fille reste
vierge et asexuée.
Ce contrat montre
comment le mâle d'Amérique Centrale
et Panaméenne,
dresse et engrosse.
Ouvrière et rebelle,
je rejette
cette omnipotence
phallique.
Je saisis la pointe de mes seins,
petites cloches
d'acier pointu
et bannis
le fiable hymen
qui m'impose le silence
du chagrin machiste
et la longue lignée
de l'héritage colonial.
J'extirpe ce contrat des crânes,
avec une colère de Quetzal
je l'annihile,
avec une discrétion toute militaire
je le mords et le pulvérise,
tel un cadavre ridé et indécis
je le tue deux fois
de mon sexe béant et rouge,
faisceau cardinal de la joie
depuis cette Amérique incendiée et pourpre
mon Amérique de rage, mon Amérique Centrale.
Il n'est pas assis à droite.
Il ne m'interdit rien, ne me détruit pas, ne m'enferme pas.
Il n'avait pas de fouet, il ne sait rien de la corde.
Il n'emprisonne pas le noir.
Ses pieds ne se plient pas à la botte.
Il ne jugerait pas ce colibri inutile.
Le voyage de l'oignon ne l'humilie pas.
Sa fleur ne peut pas s'épanouir sous la tyrannie.
Il est venu en ce lieu de sueur comme nous.
Il m'a apporté deux ailes.
Cette balle qui frappa le passant l'atteignit amèrement.
Il saigne en arabe.
Son cœur se brise comme une cruche dans la guerre.
Il met la lumière à enfanter sur sa toile.
Il dore l'ail comme un astre.
Il vit debout à gauche maintenant et dans l'heure.
Je ne sortirai plus de la saison du rut.