Le regard de l’étranger
Des pas. Sortant de quelque part. Et silence.
Puis encore une fois. Claquement de chaussures
descendant l’escalier. Le claquement s’en va,
s’affaiblit lentement et s’éloigne.
Il s’assoupit en silence. Le coeur
bat encore, résonne le coeur
d’émoi, mais le souffle
circule plus librement déjà.
Et puis de nouveau ! On l’entend s’approcher,
il monte l’escalier à pas lents, oui,
il revient, il rentre, les chaussures claquent
sur les veines marbrées de l’escalier,
elles claquent, grondent presque,
elles grondent et résonnent dans le cerveau,
de plus en plus près : il est devant la porte !
Il est de l’autre côté de la porte, retenant son souffle .
Il sonne. Il faut ouvrir.
Ouvrir le vasistas, la poignée grince,
regard dans le regard :
l’étranger le regarde en face.
Il jette un regard scrutateur. Interrogateur.
Il reste muet. Sa bouche tremble :
seule sa bouche le trahit. Elle révèle
à quel point il a peur.