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Citation de Cer45Rt


La vedette démarra, s'enfonça entre les arbres immergés ; les vitres frôlaient les branches couvertes de boue coagulée par la chaleur, de filament de vase verticaux ; sur les troncs, des anneaux d'écume séchée marquaient la hauteur extrême de la crue. Claude regardait avec passion ce prologue de la forêt qui l'attendait, possédé par l'odeur de la vase qui s'étend lentement au soleil, de l'écume fade qui sèche, des bêtes qui se désagrègent, par le mol aspect des animaux amphibies. Au-delà des feuilles, dans chaque trouée, il tentait d'apercevoir les tours d'Angkor-Wat sur le profil des arbres tordus par les vents du lac : en vain ; les feuilles rouges de crépuscule, se refermaient sur la vie paludéenne. La fétidité lui rappela qu'à Phnom-Pehn, il avait découvert, au centre d'un cercle misérable, un aveugle qui psalmodiait le Ramayana en s'accompagnant d'une guitare sauvage. Le Cambodge en décomposition se liait à ce vieillard qui ne troublait plus de son poèmes héroïque qu'un cercle de mendiants et de servantes : terre possédée, terre domestiquée où les hymnes comme les temps étaient en ruine, terre morte entre les mortes ; et ces coquillages terreux qui gargouillaient dans leurs coques, ignobles grillons... Devant lui, la forêt terrestre, l'ennemi, comme un poing serré.
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