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Citation de coco4649


 
 
  Maintenant que les cris d’oiseaux se sont tus, et
qu’il faut faire attention à conduire prudemment la
motocyclette, car un cycliste pourrait déboucher
comme un fou à cette heure où les rues n’ont pas de
circulation, Rébecca Nul se détache peu à peu du
rêve avec lequel son départ est si étroitement lié qu’il
se distingue à peine des choses de la nuit. Ainsi allait
son rêve, ou du moins ce qu’elle se rappelle encore :
elle se trouvait portée par l’une des hautes branches
d’un arbre très haut, sous un ciel inégalement
sombre, comme si le soleil n’arrivait pas à percer les
nuages, et elle avait conscience d’avoir été mise là
pour figurer la fleur de l’arbre et pour offrir son épa-
nouissement au soleil quand les rayons triomphe-
raient du brouillard. Des oiseaux volaient autour
d’elle, plongeaient et remontaient ; d’autres étaient
perchés à portée de ses mains. Plus bas, un homme
qui dans le rêve était son mari, Raymond, mais qui
ne lui ressemblait pas, grand, maigre et dégingandé
tandis que le véritable Raymond est un peu courtaud,
s’avançait avec des manières de chat sur l’une des
maîtresses branches, et dans son allure il y avait une
menace assez notable. Alors elle avait fait un violent
effort pour se dégager du règne végétal et pour
reprendre la faculté de se mouvoir, la capacité de
donner l’alarme. Avec une émotion intense, elle
s’était entendue prononcer les mots « pilleur de nid »,
cependant que se déchirait brusquement le tissu de
son rêve, et qu’elle se retrouvait au lit, toute raide et
la gorge serrée, à côté de Raymond qui avait grom-
melé comme en réponse et s’était tourné vers elle
sans cesser de dormir. Pourtant un bruit de volière
entrait dans la chambre, car la fenêtre n’était pas
fermée, c’était l’aube, et plus de cent oiseaux chan-
taient à plein gosier dans le jardin. La petite maison
qu’avait louée Raymond Nul était bâtie en dehors
de Haguenau, sur la route de Bitche, non loin de la
forêt. ...

p.9-10
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