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Citation de Aelle


Cependant, à la réflexion, il faut se méfier des pauvres gens. Certains de mes confrères me tinrent un jours ce discours plein de bon sens : « Dans ce monde en ordre, il y a des pauvres. Les indigents assiègent nos administration, les nécessiteux sont partout, et les misérables colonisent nos viles et nos transports publics. Bref, il y a sur terre des malchanceux, des éruptions volcanique, des guerres meurtrières et de nombreux nécessiteux ; ces anomalies ,e sont le faute de personne. » D’une imparable logique, ce discours commençait à produire ses effets. Mes interlocuteurs, percevant ma faiblesse, me chuchotèrent à l’oreille l’argument ultime : « Cette misère qui s’étale partout fait l’affaire des pauvres puisqu’ils permettent ainsi à tous les possédants de se montrer généreux. Leur existence est plus que jamais nécessaire. Car enfin, si personne ne tendait la main, comment pourrait-on y placer une obole ? » Si j’avais bien compris, c’était en fait une épreuve salvatrice qui embellirait leur vie. D’ailleurs, me dirent-ils, l’ordre suppose le désordre, et la richesses la pauvreté. Il faut se faire à cette idée. J’étais un peu abasourdi, essayant de remettre en ordre mes idées.
Un pauvre qui dérobe par nécessité est envoyé en prison.
Les prisons étant pleines, le pauvre - à la différence du brigand - ne peut y résider qu'avec difficulté.
Le pauvre continue donc à dérober au boutiquier ce dont il a besoin.
Le boutiquier détrousse le badaud dès qu'il franchit sa porte.
Ce faisant, le boutiquier s'enrichit, devient propriétaire de son fonds puis, après un labeur respectable, acquiert parfois les murs.
Les murs de l'ensemble ravissent le promoteur, qui subjugue le banquier.
Le premier devient, avec l'argent d'autrui, propriétaire du tout.
A la moindre secousse, tout ce joli monde s'associe, s'arme contre la tyrannie, hurle qu'on veut le pillage et la ruine des honnêtes gens, et s'en va, d'un pas alerte désigner le coupable. Ce coupable, c'est le pauvre, car c'est par lui que tout commence.
Au siècle dernier, on pouvait prononcer ces paroles sans crainte ; de nos jours, les pauvres sont instruits, souvent beaucoup plus que les riches. C’est là le grand malheur de notre éducation. Adolphe Thiers, dans un discours qu'il faudrait afficher dans nos mairies, affirmait en 1850 : « Je dis et je soutiens que l'enseignement primaire ne doit pas être forcément et nécessairement à la portée de tous, j'irai même jusqu'à dire que l'instruction est, suivant moi, un commencement d'aisance et que l'aisance n'est pas réservée à tous. »
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