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Citation de Charybde2


Des ambulances passaient. Une infirmière fumait sous le clin d’oeil d’un médecin urgentiste, un petit soleil jaunasse perçait les nuages de novembre. Sur les affiches publicitaires s’exposait une bouteille de vin rosé bien frais entouré d’une famille heureuse. À côté, trois mètres sur quatre, les publicitaires misaient sur le sérieux des travailleurs dans une distillerie. Le bonheur écossais du whisky. Le père de famille au cognac. La fête, les jeunes, les bières aromatisées et extra-intenses, se saouler au plus vite et s’amuser, vive la jeunesse. Les belles femmes, les beaux mecs, le champagne. L’âme russe, la vodka. Le carnaval, le Campari. Tout était bon à consommer, prévenait le ministre. A consommer. Avant d’ajouter l’excuse fallacieuse : avec modération. Toujours les mêmes slogans, les mêmes mots : famille, plaisir, légèreté, joie.
Les directeurs de pub dans les départements marketing lisaient les mêmes études que les addictologues, les mêmes livres feel good, les mêmes guides de banalisation pseudo-psychologique pour ne former qu’un seul brouhaha autour du nouveau mot maître des tiroirs-caisses : le bonheur, ah, le bonheur ! Le bonheur, le bonheur qui réglait tout, qui était la solution comme l’alcool était avant tout une solution, une aide, avant que le buveur ne tombe dans le piège. Il fallait acheter, il fallait payer, il fallait être heureux consommateur, à tout prix. Le bonheur toujours, le bonheur d’un verre, sur une terrasse, entre amis, le bonheur du vin du Sud, du whisky d’Écosse, du cognac de France, le bonheur de la bière belge, le bonheur d’une Prune, d’une Mirabelle, du champagne de chez nous, le bonheur des moines de la Chartreuse, le cava des plages de Barcelone, le rhum des Caraïbes.
Savaient-ils seulement ce que ça faisait dans mon corps, savaient-ils ce que ça vrille sans cesse dans le cerveau troué d’un alcoolique ? Oui, ils savaient, ils savaient très bien, et ils comptaient sur nous. C’était nous, leurs meilleurs clients. Les petits comptables du malheur alcoolique avaient bien étudié la question.
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