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Citation de prof


Ce soir le ciel est clair et je n’arrive pas à dormir. Je compte les fissures du plafond tout en me demandant si mon intervention aurait pu sauver le bombyx et s’il m’est encore possible d’épargner à Heather une nuit de douleur et d’épouvante. Je pourrais bien entendu déchirer la page où je propulse sa Buick dans la forêt et la laisser filer vers le couchant, mais il me faudrait pour cela vouloir revenir sur mes pas.
C’est la prérogative de l’écrivaine que de pouvoir effacer ses empreintes si celles-ci s’engluent dans des terres glaiseuses, mais cela est un faux-fuyant ne profitant qu’au lecteur qui ne verra pas le bombyx sous les semelles boueuses. Sur mon bureau, il y aura toujours un papillon mort, couché sous l’amas d’autres créatures que je n’aurai sauvées d’une fin certaine qu’en détruisant la page sur laquelle elles agonisaient. Ce type de sauvetage n’est qu’apparence. Dans la corbeille, l’agonie se poursuit. Dans la forêt, Heather tâte sa tête endolorie en attendant que je remette le temps en marche et permette au soleil de se lever.
Sur l’étendue de son territoire, l’écrivain règne en maître, abusant d’un pouvoir dont il ne sait parfois que faire, tel un dieu en proie au doute mais n’en conservant pas moins la nécessaire cruauté des dieux.
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