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Citation de Tandarica


Grigore Alexandrescu (1814 ?-1885), extrait du poème « L'année 1840 » dans lequel le poète exprime son espoir dans le progrès pacifique et éclairé des « temps modernes » :
[...]
Les fondements du monde se meuvent et chancellent,
Vieilles institutions s'effacent sous la rouille ;
Un esprit bout dans le monde et l'homme qui pense
Accourt vite vers toi, car les temps sont venus !

Des ombres de peuples sont ici gouvernées
Par des ombres de lois foulées aux pieds, violées
Par d'autres plus petites, insignifiants nabots,
Et tous les sentiments élevés, généreux,
Nous paraissent des contes de fées merveilleux,
Et tout l'enthousiasme source d'idées mesquines.

La politique profonde n'est que fanfaronnade,
La science de la vie n'est qu'égoïsme affreux ;
De la grandeur de l'homme, rien ne donne la preuve,
Et seul le despotisme est bien consolidé.

An nouveau ! J'attends ton miracle comme une voix céleste ;
Pourtant si le pasteur que tu nous vas choisir
Sera comme ceux dont nous n'en avons que trop,
Laisse alors comme elle est la tyrannie ancienne,
Devant tes cadeaux, moi, je n'éprouve aucune joie,
Nous en avons assez du mieux qui n'est pas bien…

Quel bienfait sortira d'un pareil changement ?
Que peut faire de pis l'étoile, grande comète,
Qui brûlerait le globe et tous ses habitants ?
Et qu'importent au troupeau, toujours si malheureux,
De savoir quelle main viendra le massacrer
Et s'il aura un seul ou plusieurs oppresseurs ?

Je ne demande rien qui ne soit que pour moi ;
Mon sort, je le voudrais à ceux de tous unis ;
Et si sur moi tout seul qui tu ne peux rien de bien,
Je ris de ma douleur et la déconsidère.

Après tant de souffrances le cœur devient de pierre ;
D'une chaîne éternelle nous oublions le poids :
Le mal devient nature, la conscience, inertie
Je vis dans la douleur comment en mon élément.
Je voudrais bien voir le jour prédit au monde,
Et voir souffler un air plus dégagé, plus pur,
Perdre la triste idée renforcée par les siècles,
Qui dit que nous sommes le jouet des événements.
[...]

(traduit du roumain par Andrée Fleury)
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