J’ai beau avoir laissé ma famille derrière moi, je commence à vraiment savourer ma liberté. Je dois être un monstre sans conscience pour penser cela, mais j’ai l’impression de revivre. J’ai la sensation d’être perchée au sommet d’une montagne de haute altitude et de respirer un grand bol d’air frais. Je n’ai pas envie d’en redescendre, je veux rester accrochée à ce pic, du moins encore quelque temps.
Toutes les artères de la ville sont envahies, nous errons au rythme de la samba. La foule ressemble à une fourmilière en mouvement : de gros chars décorés arpentent les allées, de magnifiques hommes et femmes dansent au sommet, leur rythme endiablé est communicatif. Ainsi, nous commençons à onduler nos corps en suivant cette procession bruyante avec un plaisir insoupçonné, il faut bien l'avouer.
Je suis là sans y être vraiment. Mon corps est figé dans cette grande pièce animée et mon esprit vagabonde à toute allure. Je fais bonne figure, mais je ne peux m’empêcher de penser à ces quelques lignes. Je fixe les poutres blanches au plafond, les yeux dans le vague. Je dois me reprendre, car on va remarquer mon comportement étrange. Depuis peu, je ne me reconnais plus moi-même. Je ne suis plus la femme dynamique qu’il a connue. Je subis. Et si je m’enfuyais ? Et si je suivais cet inconnu ?